Coup de jeune pour Levieux

Ce n'est pas tous les jours que la collection permanente du musée de Grenoble s'enrichit d'une œuvre nouvelle. En l'occurrence, un tableau du XVIIe siècle, signé du trop méconnu Reynaud Levieux, qui a bénéficié pour l'occasion d'un travail exceptionnel de restauration.


Reynaud Levieux n'est pas, à proprement parler, une star de la peinture. Mais il est évident que cette injustice doit être réparée. « On lui connaît relativement peu d'œuvres et c'est un peintre qui était très circonscrit géographiquement. Il a été découvert assez tard, notamment grâce à une grande exposition, à Marseille au milieu des années 70, sur la peinture provençale. Moi je l'ai connu il y longtemps déjà lorsque je travaillais à Nîmes, sa ville natale. J'ai appris à l'aimer car c'est l'un des artistes les plus attachants et les plus talentueux de l'école provençale », raconte Guy Tosatto. Le directeur du musée de Grenoble était ravi, donc, de nous présenter La Bénédiction de Saint Jean-Baptiste par Zacharie, un grand tableau (dans tous les sens du terme) de Levieux qui rejoindra la collection permanente dès septembre, à la faveur d'un dépôt du musée de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris d'une durée d'au moins cinq ans.

En attendant, l'œuvre fait l'objet d'une "exposition dossier" qui revient sur l'important travail de restauration, réalisé à Versailles, à l'occasion de ce partenariat. Car le tableau était jusqu'alors entreposé dans les combles de l'église parisienne de la Salpêtrière, livré à la poussière et aux volatiles. « Ce partenariat avec Grenoble était l'occasion de préserver son potentiel », souligne Agnès Virole, conservatrice du musée de l'AP-HP.

18 mois de restauration

Un travail de 18 mois a été nécessaire pour redonner à cette Bénédiction tout son éclat, avec quelques embûches sur ce chemin délicat : « On s'est notamment rendu compte que l'œuvre avait subi une transposition, c'est-à-dire que la couche picturale avait été arrachée et recollée sur un autre support. C'était une technique assez "violente" de restauration utilisée à l'époque qui endommageait beaucoup la peinture », relate Joëlle Vaissière, responsable des collections art ancien du musée de Grenoble. Mais le processus de restauration réserve aussi quelques bonnes surprises et a ainsi permis de révéler la signature de Levieux sur le seuil de la porte, accompagnée d'une date (1670). Une bénédiction, en quelque sorte.

La Bénédiction de saint Jean-Baptiste par Zacharie, une exposition dossier jusqu'au 18 septembre au musée de Grenoble, 8€, gratuit - de 26 ans


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