Laque et maths


Formée au Beaux-arts de Kyoto, Martine Rey s'est fait une spécialité de la laque, qu'elle décline de maintes manières ; Pierre Gallais, quant à lui, nourrit sa création de références à l'univers des mathématiques. L'exposition Contrepoints ne propose pas seulement de faire dialoguer les œuvres de ces deux artistes aux univers singuliers, mais de présenter plusieurs de leurs récentes collaborations. Dans une première série d'œuvres, fasciné par les lignes géodésiques, Pierre Gallais les fractionne et les décline en idéogrammes imaginaires, formant une trame graphique mouvante, à la surface de laquelle Martine Rey vient ajouter une écriture spontanée et hasardeuse, faite de délicates giclées de laque. Dans une seconde série, c'est cette dernière qui amorce le travail en laissant sur le papier des marbrures, réalisées grâce à un procédé d'impression à la laque qu'elle a mis au point. Formant des cercles à la géographie incertaine, ces impressions sont complétées de dynamiques lignes graphiques tracées par Pierre Gallais. Évoquant le mouvement des astres, ces dessins sont accompagnés de quelques phrases poético-amusantes : "silence… on tourne", "éclipsez-vous … vous me faites ombrage". Un poil pataphysicien, Pierre Gallais expose également une série de dessins et de photographies relatant une installation réalisée à l'occasion du passage à l'an 2000, une sorte de Stonehenge fait à partir de meules de foin, que l'artiste désigne comme un "sanctuaire mathologique". Enfin, un subtil dessin-installation de Martine Rey se déploie sur les murs d'une pièce attenante : on y découvre un minuscule paysage dont les ondulations graphiques font écho à la déchirure imparfaite du papier sur lequel il est dessiné. Pierre Gallais quant à lui, vient scander ce paysage de signes verticaux. Une partition, deux interprètes.

Contrepoints. Martine Rey et Pierre Gallais jusqu'au 16 avril à la galerie Place à l'art (Voiron) ; entrée libre


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"Les Endormies" d'Isabelle Valfort, silencieuse expo