À la recherche d'écrans perdus

La Cinémathèque de Grenoble propose une visite guidée passionnante sur les traces des anciennes salles obscures du centre-ville. Place Grenette, avenue Alsace-Lorraine, rue de Palanka… une petite promenade instructive mêlée d'anecdotes amusantes.


Ce n’est certainement pas la salle la plus appréciée des cinéphiles grenoblois, mais c’est bien devant les 6-Rex que débute cette visite urbaine sur l’histoire des cinémas de la ville. À cet emplacement s’érigeait le Casino Kursaal, un cabaret où le public a pu découvrir, en 1896, les toutes premières projections des Frères Lumière dont les titres laissent rêveur (Le régiment qui passe, La Baignade en mer, L’Aquarium…). Sur les photos d’époque que nous montre Jenny-Jean Penelon, chargée des relations avec le public à la Cinémathèque, on constate que l’architecture de la façade n’a pas tellement changé. De même du côté du Petit Casino de l’avenue Alsace-Lorraine, qui abritait un cinéma Gaumont emblématique jusqu’en 1990, dont le fronton coudé caractéristique a été conservé. Plus cocasse, non loin de là sur le cours Jean-Jaurès, le pressing Éden se nomme ainsi en souvenir du cinéma éponyme qui animait le quartier de 1908 à 1985. Autant de traces d’un passé où les salles obscures fleurissaient en centre-ville : on comptait ainsi 23 cinémas en 1954 ! « Au début du XXe siècle, les salles étaient immenses avec un écran unique, et plutôt petit ! Par exemple, le Familia, place Grenette, pouvait accueillir 1150 personnes… Et puis, on a commencé à construire des complexes avec plusieurs salles pour s’adapter à la demande du public », raconte Jenny-Jean Penelon. Jusqu’à l’avènement des superstructures Pathé qui ont phagocyté bon nombre de cinémas.

Feu le porno

Notre guide, tout au long de ce parcours urbain de deux petites heures, revient sur les différentes évolutions qu’a connues le 7e art (l’arrivée du son, de la couleur, du numérique) et égraine quelques anecdotes intéressantes ou amusantes. Difficile ainsi de ne pas évoquer le Vox, LE cinéma pornographique de Grenoble (malheureusement ?) fermé depuis quelques années : « Il paraît qu’à la fin, les projections se faisaient sur rétroprojecteur et lecteurs DVD… » Un lieu interlope laissé à l’abandon qui a enfin été racheté et va bientôt devenir une pharmacie. Une nouvelle page se tourne dans cette passionnante histoire des cinémas grenoblois.

Une histoire des cinémas grenoblois mercredi 4 mai à 14h30 à la Cinémathèque, 6€/9€, sur inscription à contact@cinemathequedegrenoble.fr


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