À plusieurs reprises, dans l'agenda du PB, on a noté cette curieuse proposition : écouter de la musique ou des histoires avec ses coudes, par conduction osseuse. On a enfin pu tester ça !
Première info : on peut garder la veste, pas besoin d’être coudes nus pour que le son passe. On s’installe, la base des mains collée aux oreilles, et effectivement c’est bluffant. La musique classique nous parvient comme à travers un casque audio. On sent les os de nos avant-bras vibrer en rythme ; ce sont eux qui conduisent le son à nos tympans. Bizarre… Comme on se bouche les oreilles, on se retrouve coupés du monde, concentrés sur ce qu’on entend. On écoute ensuite une histoire (cette borne sera notamment utilisée pour le festival des Arts du Récit, en mai). Cela demande une attention renforcée, car le son est légèrement étouffé par rapport à nos accessoires habituels ; mais la voix du conteur nous emmène tout de même.
Ces bornes que l’on voit se multiplier dans l’agglo (on les a croisées récemment au musée archéologique Saint-Laurent, pour l’expo Racines du Son) sont la création de la société Losonnante, en activité depuis mai 2021. « L’idée est toute simple, encore fallait-il l’avoir », indique le directeur de la société, le Grenoblois Fabien Rolland. « La conduction osseuse est utilisée de longue date, par Beethoven par exemple, ou encore dans la recherche, l’armée… On a simplement pensé à une nouvelle application. » Dans les musées, principalement, qui sont friands du concept : le visiteur est invité à une écoute active, un engagement corporel ; il peut s’installer à la borne même dans un milieu bruyant sans être gêné, et dans le sens inverse, l’équipement est totalement silencieux, et peut s’utiliser à l’intérieur comme à l’extérieur. Losonnante, dont le projet a germé il y a 5 ans, équipe déjà 25 lieux avec ses bornes, comme le musée de l’Ancien Évêché, le musée Berlioz ou encore le musée Champollion, en Isère, mais aussi la Cité des Sciences et le musée Carnavalet à Paris, la Cité de l’Océan à Biarritz, etc.
Losonnante bornes au musée archéologique dans le cadre de Racines du Son et au musée Dauphinois dans le cadre du festival des Arts du Récit