L'angoisse des vestiges


Comme bon nombre d'artistes de sa génération, Ugo Schiavi (né en 1987), est fasciné par les ruines, et comme pas mal d'entre nous, il s'interroge tout particulièrement sur celles que notre monde contemporain va laisser aux générations futures. Si au XVIIIe siècle, les artistes romantiques observaient et peignaient les ruines antiques avec une fascination teintée d'une nostalgie propice à la rêverie, Ugo Schiavi semble tenter de conjurer l'angoisse qui le traverse en réalisant des sculptures à partir des ruines immédiates que notre société ultra-consumériste génère quotidiennement. Ainsi, tandis que les sculpteurs du dimanche s'amusent parfois à réaliser des œuvres à partir du bois flotté ramassé sur la grève, Ugo Schiavi agglomère tout un tas de déchets industriels que la mer rejette sur la plage. Ces vestiges de plastiques apparaissent comme autant de micro-ruines d'un système qui, courant à sa perte, se désagrège devant nos yeux. Face à ce constat, on trouve chez Schiavi la volonté de chercher des formes esthétiques qui résonnent avec les mythes antiques : les gorgones, Poséidon ou le Léviathan, mais également avec l'architecture du CAB – vestige militaire dont le suintement des murs de pierres fait écho à merveille à la dimension poisseuse de ces œuvres, aussi fascinantes que rebutantes.

Leviathan. Ugo Schiavi au CAB jusqu'au 19 juin, entrée 1€, gratuit pour les moins de 18 ans

CAB/Christophe Levet


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