Musée de Grenoble : hors les murs, la nature

Le musée de Grenoble vient directement aux Grenoblois avec son opération hors-les-murs, qui se tient cette année à la Maison des habitants Teisseire Malherbe.


Pour la seizième fois depuis 2005, le Musée de Grenoble sort de ses murs pour investir un lieu de l'agglomération qui n'est pas initialement conçu pour accueillir des œuvres. Un dispositif louable qui permet d'aller à la rencontre de publics qui n'osent pas ou qui n'ont pas idée de franchir la porte du musée. Ceci d'autant plus que ces expositions ne sont jamais "parachutées" par hasard, mais au contraire imaginées en collaboration avec les acteurs locaux et les habitants du territoire. Après concertation, pour cette édition, c'est la dimension tumultueuse, sauvage et indomptable de la nature que les usagers et les professionnels de la Maison des habitants Teisseire-Malherbe ont choisi de mettre en avant à travers une sélection de pièces des collections contemporaines du musée. Le regard du spectateur navigue ainsi entre une dizaine d'œuvres qui méritent vraiment de prendre le temps d'aller y faire un tour.

Claude GARANJOUD, La Porte de l'Ouest, 1981 © Adagp, Paris 2022

Claude GARANJOUD, La Por

te de l'Ouest, 1981 © Adagp, Paris 2022

Les grands coups de brosse constellés de tâches de la peinture gestuelle de Claude Garanjoud suggèrent des vagues enneigées, tandis que, lui faisant face, la toile de Frédéric Benrath évoque un éther nuageux, qui contraste avec le nuage volcanique boursouflé de la photographie de Jörg Sasse présentée à proximité. Dans une composition picturale nerveuse, Édouard Pignon donne à sa vague des allures de plante exotique. Chez Andreas Gursky, la vapeur d'eau qui émane des chutes du Niagara envahit la surface photographique et semble engloutir un minuscule bateau touristique chahuté par les remous. Enfin, on accordera une attention toute particulière à l'immense dessin d'Henri Cueco qui décortique graphiquement les fleurs qui poussent dans son champ. Au fur et à mesure que notre regard remonte la composition, le trait toujours plus fin et délicat donne l'impression que ces fleurs prennent leur envol et se diluent dans l'espace. Magnifique !

Au cœur de la nature jusqu'au 2 juin à la Maison des habitants Teisseire-Malherbe, entrée libre

Michel MOSKOVTCHENKO, Rocher aux Baux, 1977 © Michel MOSKOVTCHENKO


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