Guerre


Une bombe a atterri en librairie le 5 mai : un roman inédit et complet de Louis-Ferdinand Céline, mort en 61. Le texte a été mis au jour dans la torpeur du mois d'août dernier, après une rocambolesque histoire de vol après-guerre, de décennies de dissimulation et d'âpres procédures judiciaires. Un miracle pour les Céliniens comme pour la littérature. Confession : on n'avait jamais lu Céline avant 2021. Ce surgissement de manuscrits nous a poussés à ouvrir enfin, cet hiver, le célébrissime Voyage au bout de la nuit. La guerre, brutale, intense, l'écriture ramassée. L'ironie noire, la vérité crue. La force de l'écrivain, encore plus à son époque. Las, pour être honnête, sur les derniers chapitres, on n'en pouvait plus de lire ces exhalaisons à l'encontre du monde entier. Alors on s'était dit, pour Guerre, décrit comme plus cru et plus dur, on passera notre tour… Et puis on a cédé (zéro force de caractère) aux enthousiasmes des éminents Céliniens entendus partout cette semaine. Ils disent que c'est un premier jet. La force de Céline, le style argot populaire, est encore plus appuyé. Ignatius Reilly version glauquissime, et pas qu'à cause de la guerre. Lourd de chez lourd... Dernière page, le soulagement est presque coupable tant on nous a vanté le génie de l'écrivain. Au moins il ne laisse pas impassible, c'est certain ! Ce n'est pas fini : un autre inédit, Londres, paraîtra en automne. Un autre miracle paraît-il…


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