Street Art Fest : bientôt 50 nouvelles œuvres sur les murs de l'agglo

Le Grenoble Street Art Fest revient pour sa 8e édition, du 27 mai au 26 juin dans dix villes de la grande agglomération. Des expositions, des conférences, des visites, des projections, du sport, des concerts… Et cinquante nouvelles œuvres de tous formats prévues sur les murs de la ville, ce qui portera le total à plus de 300 à la fin du mois de juin. 


Il est loin, le temps où il fallait démarcher les villes et les propriétaires pour les convaincre de transformer un bête mur en œuvre d'art. Maintenant, ces derniers contactent directement le Street Art Fest avec des propositions de lieux où s'exprimer. Pour sa huitième édition, l'événement passe de huit à dix communes, de Saint-Martin-le-Vinoux à Vizille. À Grenoble, une seule fresque dans le côté 38100, avenue Jean-Perrot, par l'Américain Beau Stanton ; le reste sera visible côté centre (avenue Maréchal-Foch, quartier de Bonne, parking Hoche, rue du Drac…). C'est fini, aussi, le temps où l'on prenait le graff pour du cache-misère. « La vision que j'ai, c'est de constituer un patrimoine, donc il faut une forme de "rentabilité culturelle", si j'ose dire. La durée de vie, actuellement, doit être d'une dizaine d'années ; et dans 5 ou 10 ans, on n'acceptera que des murs récemment ravalés », explique Jérôme Catz, de Spacejunk, à la tête du festival. « Ensuite, il s'agit de faire matcher l'envie artistique avec celle du ou des propriétaires des murs, et de la commune. »

« La déco pure et dure, ça ne m'intéresse pas »

Parfois, c'est compliqué : « La déco pure et dure, ça ne m'intéresse pas ; si au-delà de l'aspect esthétique une œuvre suscite un échange, on a gagné ». Ce n'est pas toujours sans heurt, on l'a vu récemment avec la polémique autour de l'œuvre de Goin, qui a coûté au festival sa subvention régionale. « Sous un prétexte complètement fallacieux puisque l'œuvre a été réalisée hors cadre du festival… » Ce dernier, à l'instar de l'espace Spacejunk, a beau ne pas être responsable de tout ce qui se gribouille sur les murs de l'Isère, il écope bien d'une coupe de 17 000€, soit 3% du budget. Pas de quoi faire tomber l'événement ; mais niveau symbolique, ce n'est pas terrible. « On était justement contents d'avoir prouvé que le street art était transpartisan », commente Jérôme Catz, dépité. 

En tout cas, le Street Art Fest garde son cap. Avec le Street Art Movie Fest, en ouverture, qui se tiendra à la caserne de Bonne ; les street art runs (en plusieurs sessions plutôt qu'une seule grosse), chaque samedi matin ; des conférences (deux, cette année, sur l'art engagé et sur la technique du collage) ; des visites guidées sur la discipline à Fontaine ; des soirées concerts et animations les 2, 21 et 26 juin ; quatre expositions à Spacejunk, au Vog et à la Maison des associations du Pont-de-Claix, la principale, réunissant la trentaine d'artistes invités, étant installée à l'Ancien musée de peinture (« on monte un peu en gamme », annonce Jérôme Catz). 

Pour la deuxième année consécutive, la section "petites formes" (collages et pochoirs) sera mise en avant, avec Madame ou Les Murs ont des Oreilles, par exemple. « C'est un peu la pochette surprise du festival ; ces petites formes nous permettent de faire monter à bord de jeunes artistes, et ça "culture" les politiques à dire « ok, on fait confiance aux artistes », puisque la plupart du temps ça se passe très bien. »

Le clou du spectacle reste ces fresques géantes qui changeront le paysage urbain. Sur leur nature, mystère ; mais on sait déjà que c'est l'Allemand Case Maclaim qui déploiera la plus grosse, sur le gymnase Aristide-Bergès à Seyssinet-Pariset. À Fontaine, le duo espagnol Reskate livrera une œuvre qui se lit dans la nuit, grâce à des peintures phosphorescentes. Simon Berger, qui travaille sur une technique de verre brisé, réalisera la plus grande œuvre de sa carrière à l'école Badinter, à Saint-Martin-le-Vinoux. Jean-Marc Rochette mêlera l'art de rue et la bande-dessinée pour son œuvre au parking Hoche, du côté de Victor-Hugo. On s'arrête là : on a un mois pour scruter tout ça. 

Grenoble Street Art Fest du 27 mai au 26 juin, tous événements gratuits. Programme détaillé sur www.streetartfest.org


<< article précédent
Joël Dicker : « Un livre qui se vend bien, dans l’esprit tortueux de certains, serait un livre qui n’est pas bon »