Battus, les sentiers

L'édito du PB n°1197 du 21 septembre 2022.


Les yeux rivés sur la billetterie. Les spectateurs ne sont toujours pas revenus plein pot dans les cinémas. Les théâtres et salles de concert sont dans l'expectative. Elles constatent déjà une chose : le public répond présent sans complexe sur les noms qu'il connaît. Besoin de personne pour remplir les dates de Guillermo Guiz, Vincent Dedienne, Jacques Weber en Roi Lear ou Vitalic. Au théâtre de Sassenage, on se rue sur la pièce Titanic, qui ne convoque comme célébrité que le tristement célèbre paquebot. Dans les salles obscures, les héros qui sauvent les meubles ne sont pas des petits nouveaux : Tom Cruise dans Top Gun, Les Minions, les dinosaures de Jurassic Park, Dr Strange, Batman… On les connaît, on est rassurés. C'est un peu comme cette série-doudou que l'on regarde en boucle, jusqu'à connaître par cœur chaque réplique, juste pour le côté régressif et familier, sécurisant. Nous aussi, on le ressent, cette envie de rester sur un sentier bien battu. L'autre jour, nous qui ne jurons que par Rammstein ou Motörhead, avons tenté une incursion dans le milieu du rap grenoblois. Des codes, des visages et des rythmes loin de nos habituels cheveux longs, perfectos et odeur de transpi-bière – remplacée par un fumet d'herbe reconnaissable. Une petite excursion hors de sa zone de confort culturel ; on sort toujours plus riche, plus ouvert, plus gai d'un sentier qu'on n'a pas l'habitude d'arpenter.


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