C'est un drame en trois actes, dans trois lieux différents : le Vercors, Paris, New York. Professeur d'université, Lucas (Bertrand Belin) disparaît. Sa femme Marianne (Marie-Sophie Ferdane), célèbre cinéaste, se perd elle-même et s'enferme à force d'essayer de comprendre. Comprendre l'incompréhensible, quand le surgissement d'un certain Mehdi (Yanis Skouta) fait basculer la narration dans le fantastique.
S'ensuivent deux heures de tension pure, accentuée par une double mise en scène : les comédiens jouent au plateau et sont filmés en même temps. Les images projetées en direct sur un écran, en haut de la scène, donnent à voir un angle différent, d'autres points de vue et des plans resserrés sur les visages des comédiens. La qualité du jeu, déjà notable vu la longueur et l'intensité du texte, n'en est que plus remarquable, obligatoirement précise. Quand Lucas et Mehdi ne forment qu'un seul et unique personnage, Bertrand Belin et Yanis Skouta, sur scène, partagent leurs voix et leurs gestuelles ; un exercice particulièrement risqué, bien réalisé, et malignement scénographié.
Nouvelle création de Marc Lainé, directeur de la Comédie de Valence, montrée pour la première fois fin septembre, En travers de sa gorge est une prouesse technique mais ne vaut certainement pas que pour ça. Les caméras et techniciens sont rapidement oubliés, tant on est captifs de la dramaturgie, du texte et du suspense. Un polar troublant, fantastique dans les deux sens du terme.
En travers de sa gorge mercredi 19 et jeudi 20 octobre à la MC2, de 5€ à 28€