Léonard Lampion, le feu sous la glace


C'est un véritable univers-monde qui se déploie au sein des huit morceaux de Vallée étroite, deuxième album en date du Grenoblois Léonard Lampion : nappes de synthé majestueuses, ambiances cinématographiques irréelles, rythmiques industrielles implacables, sonorités saturées et mélodies évanescentes, chant d'outre-tombe… Un bon condensé des multiples influences de l'artiste, qu'on a surtout connu jusqu'à présent en tant que producteur de musique électronique taillée pour les clubs, mais qui a grandi en écoutant du métal et les bandes-son synthétiques de John Carpenter, s'est découvert sur le tard une passion pour la dark-wave et la minimal-wave, et cultive en parallèle une attirance pour les sonorités trap, drill et phonk. Il faut dire aussi que le processus qui a donné naissance à l'album n'est pas courant : composé de morceaux réalisés entre 2016 et 2020 soigneusement sélectionnés, assemblés et retravaillés de manière à former un ensemble cohérent, ce dernier marque également une volonté de l'artiste de se détacher des normes et des contraintes propres au dancefloor pour mieux explorer un univers plus personnel. Symptomatique de cette évolution, la présence désormais plus assumée des vocaux, longtemps camouflés et relégués au second plan par le passé et qui s'insèrent aujourd'hui à la perfection dans l'écrin électronique. 

Vallée étroite, de Léonard Lampion, CD disponible à la librairie Les Modernes et sur leonardlampion.bandcamp.com


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