Scènes de crime


Caïn assassinant Abel, premier meurtre de l'histoire si l'on s'en tient au récit de la Genèse, est l'une des scènes les plus communes de la peinture. Grands témoins de toutes les époques, les artistes ont ainsi représenté maintes fois ce vice inexorable, imparable, intrinsèquement humain : le crime. « C'est un sujet assez peu développé dans les bibliographies alors que l'histoire de l'art est très riche dans le domaine du fait divers », constate Alexis Drahos qui donnera conférence sur la question au musée de Grenoble le 2 novembre. Si le sang coule abondamment dans l'Ancien Testament, les peintres ne s'en contentent pas et s'intéressent aux criminels de tout poil : politiques avec, par exemple, ce tableau de Cabanel dépeignant une Cléopâtre perverse en train de tester ses poisons in vivo ; crapuleux (Cézanne ou Delacroix – c'est peu connu – ont commis quelques scènes de brigands) ; ou en série à l'image de Jack l'Éventreur. « Anecdote à ce sujet : l'impressionniste Walter Sickert, qui a peint un tableau nommé La Chambre de Jack l'Éventreur, a été accusé d'être lui-même le meurtrier. »

Médusés par Géricault

Présentée de façon chronologique, cette conférence est l'occasion pour Alexis Drahos de faire découvrir des œuvres méconnues, depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours, « même si c'est surtout au XIXᵉ siècle que le fait divers explose avec l'essor du journalisme et l'arrivée du dessin de presse », analyse l'historien de l'art. Emblématique de cette époque, Le Radeau de la Méduse de Géricault est l'un des rares chefs-d'œuvre inspirés directement d'une coupure de presse : « Le peintre revenait d'Italie avec l'objectif de se faire accepter aux salons. Alors il décide de frapper fort, de marquer le public avec un sujet inhabituel. » Bien vu Théodore, qui flaire habilement l'intérêt des gens pour la rubrique judiciaire. Eh oui, on est tous comme ça.

Peindre les faits divers mercredi 2 novembre à 19h au musée de Grenoble, 4€/8€/10€


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