Éco-anxiété bonjour !


La visite de la nouvelle exposition du Muséum, Nos voisins les vivants, laisse peu de place à l'optimisme. Richement documenté et vulgarisé, le socle scientifique assoit la qualité du parcours. Terre, océans, eau douce : d'une pièce à l'autre, le visiteur est plongé, par des jeux de lumière, des sons et, surtout, par les regards fixes des différentes bestioles qui le regardent, dans les différents écosystèmes. De pièce en pièce, les couleurs s'assombrissent, jusqu'à l'étage où, cerclés de murs noirs, on tombe sur un amas de déchets titré : "Paysage de l'anthropocène". Autour, des espèces déjà disparues nous rappellent le mal déjà fait, à bas bruit. Au mur, des inscriptions enfoncent le clou : « En fait, vous voyez déjà des paysages désertés. Vous ne verrez pas de charnier géant, vous verrez des paysages désertés. » Maigre note d'espoir en fin d'exposition : une salle jaune nous invite à respecter ce qu'on appelle les éco-gestes : j'évite l'avion, je réduis mes déchets… Et le Museum propose de s'écrire une lettre à soi-même pour la recevoir plus tard chez soi, et se rappeler au bon souvenir de ses propres engagements. Une « brutalité », selon les propres termes de l'adjointe à la Culture Lucille Lheureux, assumée. Il faut peut-être ça pour changer les choses. Dernière question sur le titre de l'exposition : Nos voisins les vivants, à l'heure où l'on parle d'effacer la séparation de l'homme et de la nature ? « Cela fait référence au voisinage dans le premier sens du terme, qui nous place sur un pied d'égalité. » Le vivant, quant à lui, résonne étrangement dans un univers de taxidermie (mais c'est le principe d'un Muséum). Néanmoins, l'expo est accompagnée de moult rendez-vous ludiques, et accueille un sympathique explore game : on vous attribue une espèce en début de parcours, et vous devez résoudre différentes énigmes au fil des pièces. De quoi ludifier un peu le sombre – mais réaliste – tableau.

Nos voisins les vivants jusqu'au 27 août 2023 au Muséum de Grenoble, de 0€ à 5€


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