La romancière Polina Panassenko délie sa langue au Square

Vendredi 28 octobre à 19h, la librairie Le Square accueille Polina Panassenko pour un échange autour de son premier roman "Tenir sa langue". Naturalisée française lorsqu'elle était enfant, la narratrice montre l'arrachement à sa langue, sa culture, sa terre natale : la Russie. Coup de cœur pour ce récit où la fraîcheur du ton contraste souvent avec la teneur du propos.


Ahmed devient Alain. Giovanni devient Charles. Polina devient Pauline. Vous voulez devenir Français ? Lisez sur demarches.interieur.gouv, comment la francisation de votre prénom de naissance/nom de famille, faciliterait votre intégration dans la société. Polina, de son prénom de naissance russe, est devenue Pauline à son arrivée à Saint-Étienne au début des années 90. Changer de patronyme, la narratrice de Tenir sa langue n'a pu s'y résoudre. Dans son premier roman d'inspiration autobiographique, Polina Panassenko nous plonge dans la candeur de l'enfance brusquement perturbée par l'exil. Pas le temps de comprendre pourquoi « les boîtes kaki au kaléidoscope intégré » roulent et triomphent sur les cendres de l'URSS, alors qu'elle quitte ses grands-parents, son foyer, son pays. Dans la perspective de l'enfant exilé, la France est un autre monde. D'abord composé de bruits, de coutumes, de violences parfois et surtout de non-sens pour Polina. Dans cette perte de repères inhérente à l'exil, le mutisme fait son lit. Plus le silence pèse sur la langue de la narratrice, plus la narration s'emballe, s'octroie moult libertés et se révèle drôle et ardente. Tenir sa langue, ce sont aussi les travers d'un combat judiciaire pour ne pas dissimuler son identité. Pour rompre cette fatalité à laquelle s'était résolue, comme d'autres, sa grand-mère juive pour survivre.

Polina Panassenko à la librairie Le Square, vendredi 28 octobre à 19h, gratuit


<< article précédent
"Nos voisins les vivants" au Museum : éco-anxiété bonjour !