« Il y a 20 ans, je ne mesurais pas la portée que le Fita allait avoir »

En ce mois de novembre, on a rendez-vous dans divers lieux de Grenoble pour une nouvelle édition du Fita, Festival international de théâtre action créé il y a tout juste 20 ans par la compagnie Ophélia Théâtre. Rencontre avec son directeur Laurent Poncelet, et zoom sur trois spectacles de la programmation.


Cette année, le festival, organisé en biennale, fête ses 20 ans. Quel bilan faites-vous ?

Laurent Poncelet : Quand, il y a 20 ans, j'ai lancé le festival pour proposer des spectacles qui soient davantage reliés avec les habitants, je ne mesurais pas la portée qu'il allait avoir. Je ne pensais pas du tout qu'on irait si loin, notamment dans cette capacité à mobiliser des gens qui ne vont jamais au théâtre.

Je peux dire que le Fita est devenu, aujourd'hui, un vrai rendez-vous autour des questions du vivre-ensemble pour notre public comme pour nos partenaires-relais de l'action sociale qui travaillent dans des quartiers, dans des foyers d'accueil de personnes en difficulté, avec des SDF… Ce sont ces partenaires-relais qui nous permettent de toucher les publics les plus éloignés. Avec eux, on a vraiment réussi à établir d'année en année une relation de confiance, comme on travaille la terre. Et on en récolte les fruits à chaque édition !

Comment définiriez-vous votre axe de programmation ?

Ce sont des spectacles qui interrogent notre monde et notre rapport au monde, et qui s'emparent de thèmes que l'on peut ensuite travailler avec nos partenaires. Et, bien sûr, je programme des équipes artistiques qui sont motivées pour jouer le jeu de la rencontre avec tous les publics.

Comment imaginez-vous l'évolution du festival ?

Cette année, une représentation va se dérouler au Lîeu, espace d'accueil de jour pour SDF. Alors certes, l'idée est bien de garder des spectacles dans les théâtres, mais je vais essayer de développer davantage des représentations hors cadre.

Fita du mardi 8 au dimanche 20 novembre à Grenoble (divers lieux) ; pass de 16€ à 27€ ou billet à l'unité pour chaque événement


Zoom sur trois spectacles

Gros

Sylvain Levey est un auteur reconnu dans le monde du spectacle à destination des enfants et adolescents. Il viendra au festival avec ce monologue écrit et interprété par ses soins sur la grossophobie qu'il a vécue plus jeune. Un moment potentiellement fort.

Mardi 8 novembre à 19h30 à l'Espace 600

Le Cabaret de la Madone

Un seul-en-scène de la compagnie belge Théâtre et Réconciliation sur un jeune homme qui, en différents tableaux tour à tour drôles, émouvants et poétiques, questionne les codes de la virilité. Et, surtout, plonge à corps perdu dans la culture LGBT et ses nombreuses ramifications. Une chouette réussite qui, une fois la représentation terminée, ouvre de nombreuses portes…

Vendredi 11 novembre à 19h30 à l'Espace 600

Les Rois de la rue

Troupe « hors norme » comme l'écrit Laurent Poncelet en sous-titre du livre Debout ensemble qu'il lui a consacré en mai dernier, les Mange-Cafard, dont la plupart de ses membres est « en situation de marginalisation sociale », donnera sa dernière création avec, visiblement, des personnages forts en gueule – « le Tsar qui attend depuis un an sur la place un bus qui ne passera pas ; la Daronne qui règne sur ce territoire où elle s'est installée avec son canapé ; Moustique qui occupe ses journées à voler les mêmes baskets premier prix… » Il y a toujours une grande vérité dans ce que font les Mange-Cafard, en plus d'un geste artistique et politique fort.

Dimanche 13 novembre à 17h au Théâtre Prémol


<< article précédent
Eddy L. Harris : « Ne m’appelle pas Afro-Américain. Je suis Américain, ou Noir, mais pas Africain »