Ce grand théâtre de fous

L'un des plus grands textes du répertoire ("Le Roi Lear" de Shakespeare) + un metteur en scène reconnu du théâtre français (Georges Lavaudant) + une star dans le rôle-titre (Jacques Weber) = un spectacle classique parfaitement mené. À voir à la MC2.


Dans la galaxie des œuvres shakespeariennes, il y a quelques tubes indémodables. Le Roi Lear en est un. Écrite au début des années 1600, la pièce raconte l'histoire d'un roi inflexible et de ses filles censées hériter de son royaume après l'avoir flatté. Sauf que si les deux premières obéissent aux désirs du père, la troisième, Cordélia, pourtant la préférée de Lear, refuse de se soumettre à ce jeu de flagorneries. La tragédie peut commencer…

Matériau d'une immense ampleur, pièce monde, Le Roi Lear fascine les metteurs et metteuses en scène, au premier rang duquel Georges Lavaudant, pilier du théâtre français depuis 50 ans. C'est la troisième fois qu'il se frotte au chef-d'œuvre de Shakespeare. Et c'est une réussite, en trois heures et quelques avec entracte, créées l'an passé.

En mauvais père de famille

Comme toujours, il faut un interprète magnétique pour porter le rôle-titre. Par le passé, des pointures ont endossé le costume : Michel Piccoli, Jean Marais, Georges Wilson ou encore Denis Podalydès en ce moment à la Comédie-Française. Pour cette reprise, Georges Lavaudant a dirigé Jacques Weber qui, à 73 ans, possède a priori tout du patriarche tyrannique et bouffon à la fois – comme il l'a démontré cet automne dans le film L'Origine du mal de Sébastien Marnier. Et ça marche, le comédien, récipiendaire au printemps d'un Molière d'honneur, donnant avec justesse corps et verve à cet homme déchu.

Le Roi Lear version Lavaudant-Weber, à la distribution solide, se suit alors avec plaisir et clarté. Car si, sur le plateau quasi nu, la mise en scène de Lavaudant n'est pas révolutionnaire, loin de là, elle se met au service du récit et de ses personnages. Et, surtout, elle embrasse pleinement la force du texte de Shakespeare qui, comme il est coutume de déclarer rapidement aux sujets des œuvres du répertoire, a magnifiquement traversé les siècles et prouvé son universalité. « Dès que nous naissons, nous pleurons d'être venus sur ce grand théâtre de fous. » C'est exactement ça.

Le Roi Lear du mercredi 23 au vendredi 25 novembre à la MC2 ; de 5€ à 30€


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