Début des années 1980. Issus de la banlieue parisienne, les Rascals sont une bande de jeunes avides de musiques cultivant avec soin un look fifties. Lorsque l'un d'eux bastonne un ancien skin devenu disquaire, leur tête est mise à prix par un groupe d'étudiants extrémistes. Les heures des Rascals sont comptées…
Dans la foulée des Passagers de la Nuit, des Magnétiques voire du récent Stella est amoureuse, Les Rascals poursuit ce panorama kaléidoscopique d'une génération modelée par ce qu'elle écoutait – l'avant-dernière avec celle de l'électro et du pur clubbing – qui avait toutefois plus qu'un pied dans le concret. Ici, les affrontements ne sont pas que des arbitrages d'élégances musicales : ils se jouent sur un terrain politico-idéologique rappelant la tension violente dans laquelle se vivaient ces années 1980 où l'extrême-droite allait retrouver respectabilité médiatique et onction républicaine par les urnes.
Si l'évocation de Jimmy Laporal-Trésor est à ce point réussie, c'est parce qu'elle englobe dans une même geste romanesque, bercée de bon son, le parcours d'un groupe composite reflétant plusieurs visages de la France “black-blanc-beur“ désinvibilisée grâce à l'émergence de SOS Racisme, mais aussi qu'elle détaille les mécaniques des jeunesses identitaires de l'époque (et la complicité tacite de la police) fourbissant leurs armes pour d'actions violentes ultérieures. Pas étonnant que l'on trouve d'étranges résonances avec nos années 2020.
De Jimmy Laporal-Trésor (Fr., 1h45) avec Jonathan Feltre, Missoum Slimani, Jonathan Eap…