« Un spectacle féministe et ludique »

Seule en scène comme une enfant prête à jouer avec ses figurines et son castelet, la comédienne Zoé Grossot nous invite à questionner le passé et ainsi constater le nombre de femmes remarquables que l'Histoire a oubliées. Son spectacle "En avant toutes" est une pépite salutaire.


Juin 2019, Parc des Princes, match d'ouverture de la Coupe du monde féminine de football opposant la France à la Corée du Sud. La comédienne Zoé Grossot est dans le stade. « Une foule était là pour encourager les joueuses, c'était incroyable. À ce moment-là, je me suis rendu compte que je n'avais jamais fait ça pour des femmes : engager mon corps avec d'autres. Ça m'a fortement interrogée. »

À la même période, elle se lance dans la relecture de Culottées, bande dessinée de Pénélope Bagieu sur des femmes qui, au fil des siècles, ont inventé leur destin. C'est un double déclic. Zoé Grossot décide alors de faire « un spectacle à la fois féministe et ludique sur les femmes oubliées de l'Histoire », se souvient-elle aujourd'hui. Ainsi est né En avant toutes.

La sœur de Mozart

Sur scène, dans une sorte de théâtre de marionnettes polymorphe, la comédienne formée aux arts de la marionnette et au clown retrace astucieusement le destin de femmes que les manuels scolaires n'ont pas forcément retenues. « Avec Lou Simon [la co-metteuse en scène], on voulait une diversité de portraits. Par exemple des femmes qu'on dit badass, guerrières, et d'autres qui ont des rôles traditionnellement plutôt accordés aux femmes. » D'où une sélection large mêlant différentes périodes historiques, origines géographiques, conditions sociales… Avec un soin apporté aussi bien aux parcours individuels (telle la sœur de Mozart, également compositrice) qu'aux groupes – une civilisation matriarcale en Nubie, les pionnières du MLF…

Si le spectacle, drôle, rythmé et solidement sourcé, ne dure qu'1h15, il aurait pu être beaucoup plus long au vu de la matière collectée. « Ça a été un déchirement d'enlever des portraits. C'est pour ça qu'à un moment je nomme plein de femmes ! » explique Zoé Grossot, avant de conclure : « Dites bien que c'est un spectacle qui s'adresse vraiment à tout le monde [à partir de 11 ans] ! » C'est fait.

En avant toutes jeudi 2 février à l'Ilyade (Seyssinet-Pariset) ; de 9€ à 16€


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