Le festival qui met en lumière la place des femmes dans le milieu des musiques actuelles était de retour l'année dernière à Grenoble et Fontaine. Pour cette nouvelle édition, c'est avec La Cordonnerie de Romans-sur-Isère et La Tannerie de Bourg-en-Bresse que l'événement revient en version augmentée. On vous fait part de nos coups de cœur visibles dans l'agglo.
C'est le concert d'ouverture du festival, et quelle ouverture ! Énorme coup de cœur de cette programmation, le duo UTO porte un sacré coup de tatane à la fourmilière pop avec son premier album Touch the lock sorti cet été. Où l'on retrouve une collection de chansons électro toutes singulières aux arrangements gargantuesques et volontiers farceurs. Il paraît qu'Émile et Neysa ont beaucoup écouté Björk – une femme qui s'en est bien mêlée – et ça n'a rien d'étonnant. On y entendrait presque, d'ailleurs, quelques similitudes avec le dernier album de l'artiste islandaise paru… un mois après le leur ! Un exploit (et un très, très grand disque).
Samedi 18 février au Ciel, 9€/12€
Tous les songwriters le savent : il ne faut pas plus de deux accords pour écrire un tube. Mais c'est précisément dans cette recherche assidue de simplicité que réside toute la difficulté de l'affaire. De ce point de vue, Je marche derrière toi est une réussite. Ottis Cœur tient là son hymne post-punk, porté par un texte vengeur à l'endroit d'un partenaire manifestement infidèle. Ainsi les deux musiciennes atteignent avec ce titre (et d'autres aussi efficaces comme Cœur à corps) une forme d'universalité qui se fait certainement plus rare dans le rock contemporain. À découvrir sur scène sans trop hésiter.
Jeudi 23 février à la Source, 10€/12€
Que l'on aime quand le rap sort de ses clous, surtout lorsqu'il s'agit d'en planter d'autres bien profond dans la chair de l'époque. « Le droit des femmes, l'amitié, le meurtre et le racisme sont les thèmes de Lunacy », écrit le trio pour introduire, sans trop de circonvolutions, son second EP paru en novembre dernier. Au flow rageur et charismatique de la rappeuse Kelly Rose, s'ajoute un goût pour les instrus convoquant un large spectre de la musique électronique, du dubstep à la house. Tout cela dans un pur élan créatif qui échappe, nous semble-t-il, à tout conformisme. La subversion, ça ne se calcule pas.
Vendredi 24 février à la Bobine, 10€/12€
Difficile de ne pas évoquer dans cette sélection la très jeune chanteuse de Saint-Nazaire. À l'évocation de son nom, une bonne partie du milieu musical bruisse d'excitation ; un phénomène est en train de naître à vitesse cosmique. Zaho de Sagazan, c'est d'abord une voix qui ne fait pas son âge, grave et rugueuse, au service d'une chanson française à la fois très moderne (y'a des synthés) et farouchement nostalgique d'un vieux répertoire que le temps a consacré. Il y a, dans ses influences, ce très cher Jacques Brel, solide modèle. Pour ce festival, Zaho de Sagazan passe donc dans la petite salle du campus, Eve. Profitez-en, cette intimité ne devrait pas durer.
Mercredi 1er mars à EVE, 0€/8€/12€
Un peu de scène locale tout de même ! Anita Dongilli a une formation de musique classique mais, comme elle nous le confiait après un concert à l'Ampérage : « Moi ce que j'aime faire, c'est de la pop ! » Ça se voit tant elle se livre avec beaucoup de générosité dans son premier EP Les Secrets à paraître le 5 mai prochain. Cinq chansons qui assument leur côté variété (ce n'est pas un gros mot) et recèlent surtout de somptueuses mélodies. La mélodie, un art subtil dont il convient d'admirer la maîtrise en ces temps où l'on y prête peut-être moins d'attention. Avis donc aux fans de l'iconique Fishbach, en tête d'affiche ce soir-là : ne traînez pas au bar pendant la première partie !
Jeudi 2 mars à la Source, 20€/23€
Les Femmes s'en mêlent du 17 février au 11 mars, programme complet sur lfsm.net