« C'est une belle arme le rire, non ? »

« Tirer la sonnette d'alarme et (r)éveiller notre prise de conscience écologique », telle est la mission que s'est donnée la Compagnie Zygomatic avec son excellent et très drôle spectacle "Climax". Avant son passage par trois salles de la région (à Seyssins, Vizille et Allevard-les-Bains), on a passé un coup de fil au comédien, metteur en scène et auteur Ludovic Pitorin.


Comment vous est venue l'idée d'un « spectacle burlesque musical » sur l'urgence climatique ? 

Ludovic Pitorin : Traiter de problématiques environnementales avec un angle burlesque est la marque de fabrique de la compagnie depuis une vingtaine d'années. Notre envie profonde est de démocratiser des sujets importants afin que monsieur et madame Tout-le-monde soient, on l'espère, plus sensibles à la question après la représentation.

Comment avez-vous imaginé le spectacle, construit en plusieurs tableaux ?

On est parti de la dernière scène, la première que j'ai écrite. Le spectacle a d'ailleurs été monté presque uniquement pour cette scène, afin de raconter la situation vertigineuse dans laquelle nous nous trouvons, de montrer la réalité des choses et, surtout, la vitesse à laquelle ça a été : l'être humain a fait n'importe quoi en très peu d'années ! Partis de cette scène qu'on a mise à la fin – parce que si on commençait par ça, on n'aurait eu plus rien à jouer après ! –, on a remonté la pelote en s'amusant avec toute sorte de situations liées à la problématique – la banquise, la conférence internationale de lutte contre le dérèglement climatique… Avec ces scènes, on a voulu faire passer des petits messages aux gens sans forcément les culpabiliser.

Et le message passe mieux avec le rire, comme lorsque, par exemple, vous imaginez des Jeux olympiques obligés d'être organisés sur une banquise du fait du réchauffement climatique ?

Je pense. C'est une belle arme le rire, non ? Et le début de l'intelligence même ! On le sent pendant le spectacle, il se passe des choses organiques du côté du public, comme le rire n'est pas qu'intellectuel. Sur des sujets aussi importants que la crise climatique, il faut toucher d'autres endroits que le cerveau, notamment la caisse de résonance qu'est le corps. D'ailleurs, ça a été très excitant de se dire : on va faire marrer les gens avec un sujet comme ça ! Excitant, mais aussi compliqué : on a dû écrire plusieurs versions différentes du spectacle avant d'arriver à la bonne forme burlesque.

Le spectacle rencontre un certain succès depuis sa création il y a deux ans…

On tourne énormément, en effet. Que l'on puisse jouer à la fois pour de jeunes adolescents, un public varié de festival d'humour venu initialement voir une tête d'affiche ou un théâtre plus classique, c'est fabuleux. D'ailleurs, ça marche tellement qu'on se retrouve dans une phase où l'on n'arrive plus à fournir, à répondre à toutes les demandes de programmation. On est une toute petite équipe de quatre au plateau, on fait la technique, je suis moi-même l'administrateur de la compagnie… On est donc en train de mettre en place une deuxième distribution avec de jeunes comédiens pour qu'on puisse encore jouer davantage la saison prochaine.

Avez-vous eu des retours de la part du monde scientifique ?

On a eu des retours très agréables de gens du Giec [Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat] qui ont trouvé la forme très intéressante. Ils nous ont dit qu'on avait ouvert un espace populaire pour parler de ça, et qu'on résumait en une heure ce que eux n'arrivaient pas à faire comprendre depuis des décennies !

Climax
Jeudi 23 février au Prisme (Seyssins) ; de 11€ à 18€
Vendredi 24 février au Jeu de paume (Vizille) ; de 11€ à 15€
Samedi 25 février à la Pléiade (Allevard-les-Bains) ; de 13€ à 18€


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