Bons baisers (radioactifs) du Japon


11 mars 2011, nord-est du Japon. Un tremblement de terre de magnitude 9 déclenche un tsunami, avec certaines vagues dépassant 15 mètres. La centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi sera sévèrement touchée, causant un accident nucléaire de la gravité de celui de Tchernobyl 25 ans plus tôt. 11 mars 2023, région grenobloise. Audrey Vernon, humoriste révoltée par l'état de notre monde (comme elle l'a prouvé avec ses one-woman-show Billion Dollar Baby dans lequel elle alertait son bébé sur ce qui l'attendait, notamment au niveau écologique, et Comment épouser un milliardaire sur les ultrariches), vient jouer à l'Hexagone de Meylan. Dans ses valises, son spectacle Fukushima, work in progress – une légende japonaise où elle revient sur la gestion du drame en interprétant la représentante de Tepco, la compagnie électrique qui gérait Fukushima.

En jouant frontalement avec le cynisme du dispositif (comme lorsqu'elle fait dire à son personnage que le cancer fulgurant développé par le directeur de la centrale ne peut pas être imputé à Tepco – « la radioactivité n'a tué personne à Fukushima »), elle pousse loin le caractère révoltant de la situation, sans avoir l'air d'y toucher. La phrase prononcée par Thomas Vandenberghe (le vrai nom de l'humoriste Thomas VDB), présent sur scène à ses côtés dans le rôle d'un paysan japonais, n'en devient que plus violente : « La radioactivité est invisible, c'est le crime parfait. » Et ce spectacle, qui s'inscrit dans le cadre d'un événement plus large de l'Hexagone autour de « cette catastrophe écologique majeure du XXIe siècle », une matière (engagée) à réflexion.

Fukushima, work in progress samedi 11 mars à l'Hexagone (Meylan) ; de 6€ à 23€


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