Salut à toi

L'édito du Petit Bulletin Grenoble n°1208 du 1er mars 2023.


Vague à l'âme, aujourd'hui. On ne croisera plus, dans les noires rues parisiennes, ce gros bonhomme à l'air patibulaire, avec ses bretelles, son crâne chauve et sa voix douce (sauf quand il chantait). François Hadji-Lazaro, l'âme du rock alternatif français, de la vague punk des années 80 avec Pigalle, les Bérus, les Garçons Bouchers, la Souris Déglinguée, Parabellum… Toute une époque de liberté et d'énergie musicale, de groupes de rock clownesques, engagés et festifs, une vague alternative dont "Gros François" était la bienveillante autorité morale. « Le punk, c'est celui qui rejette globalement la société sous toutes ses formes, pour l'aspect philosophique ; moi, ce qui m'intéressait, c'était la démarche musicale, le fait de ne se référer à aucune norme », expliquait François Hadji-Lazaro à France Culture, il y a une trentaine d'années. « Le punk, c'est la négation de la mémoire, le côté spontané, direct. Infantile peut-être, mais du coup, frais. » Infantile comme La Lambada on n'aime pas ça, mais le leader des Garçons Bouchers, qui avait quitté sur le tard le folk trop conformiste pour le rock, était bien plus que ça : il jouait de multiples instruments, de la flûte traversière à la guitare, en passant par le violon, le banjo ou la cornemuse. Un musicien collectionneur et une plume, dont la finesse s'est surtout déployée avec Pigalle : c'est pas parce qu'on fait du punk qu'on doit bâcler les textes. François Hadji-Lazaro est mort le 25 février dernier, à 66 ans. Il manquera.


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