La fureur de vivre


Le choix d'un sujet pour une création artistique n'est pas anodin. Que l'autrice Julie Rossello-Rochet, la metteuse en scène Lucie Rébéré et la comédienne Nelly Pulicani aient décidé de s'intéresser à la figure de l'écrivaine française Albertine Sarrazin, morte en 1967 à 29 ans après avoir écrit des romans à succès (dont L'Astragale, paru en 1965) et connu une vie mouvementée entre enfance compliquée, prostitution, braquages ou encore prison, dit tout de leur envie de remettre en avant le destin de femmes puissantes (pour reprendre une expression à la mode) gommées de la grande histoire. Et quelle matière à spectacle (joliment titré Sarrazine) que cette vie à 100 à l'heure à laquelle donne magistralement corps la comédienne dans un espace scénique réduit (une baignoire principalement) ouvrant tant de possibles.

Il ne s'agit pas, pour les trois artistes, de faire preuve de didactisme afin de prouver le bien-fondé de leur démarche. La vie d'Albertine Sarrazin parle d'elle-même. Il ne s'agit pas non plus de faire un biopic lisse. Qu'importe si tout le monde dans le public ne connaît pas la romancière, Albertine Sarrazin est finalement un personnage de théâtre à part entière, qui aime, s'enflamme, écoute Patti Smith (bel anachronisme)… « Elle danse, crie, parle, raconte. Libre et révoltée. Toujours impatiente de vivre. Soucieuse de s'appartenir intégralement », écrit l'autrice du spectacle en note d'intention. Un solo fiévreux, morcelé, constamment dans l'instant présent. À l'image de son héroïne.

Sarrazine jeudi 23 mars au Théâtre 145 ; de 5€ à 16€


<< article précédent
La Ressource, géniale caverne d’Ali Baba, double sa surface de vente