Le Requiem de Misère


L'association ne date pas d'hier. Virginie Despentes, autrice rock, et Zëro, forcément rock aussi, ont de longue date officié à la relecture, c'est le mot, de l'œuvre culte de Calaferte, Le Requiem des innocents. Puis à l'attaque de Pier Paolo Pasolini, renforcés dans cette tâche par Béatrice Dalle. En réalité la connexion remonte à bien plus loin. Elle s'est faite dans les squats des pentes de la Croix-Rousse, à Lyon, qui du temps où la future autrice les fréquentait ont servi à lui fournir son nom de plume. À l'époque, Zëro n'est pas encore Zëro, mais d'abord Deity Guns (1989-1993) puis Bästard (1993-1998) ; le groupe creuse déjà inlassablement le sillon d'une musique très alternative, sans concession aucune, virulente et terrible. L'équivalent de ce que Despentes entreprendra sur le plan littéraire dès Baise-moi (Florent Massot, 1994). L'urgence et la violence du roman culte de Calaferte, son premier, publié en 1952, charriant des torrents de misère sur un terrain fangeux hérissé de brutalités diverses, ne pouvaient qu'unir au mieux les univers respectifs de l'autrice et des rockers – qui est en fait le même. L'adaptation scénique qui en est faite est comme un coup de poing à l'estomac répété pendant une bonne heure et agrémenté de claques sur les tympans. Et rend tout son sens au titre du roman : mis en son, en musique et en lecture, c'est effectivement un Requiem.

Virginie Despentes et Zëro – Le Requiem des Innocents  vendredi 17 mars à 20h aux Abattoirs (Bourgoin-Jallieu), 25€/30€


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Original : l'Escarpade, le challenge sportif qui prend soin de la montagne