Les Mamans du Congo, le beat qui bat le patriarcat

Alors que les droits des femmes sont encore trop souvent piétinés, en Afrique comme ailleurs, des représentantes de la communauté africaine s'élèvent pour devenir des exemples de résistance. À l'instar d'Oumou Sangaré, Les Mamans du Congo s'inscrivent dans cette lignée d'artistes féminines décidées à éduquer le public sur le matrimoine culturel africain, ce savoir gardé par les mères, les tantes, les filles et les aïeules depuis des temps immémoriaux.


À l'origine un spectacle organisé par l'Institut Français du Congo en 2018 sous l'impulsion de la chanteuse et percussionniste Gladys Samba, Les Mamans du Congo présentent aux spectateurs l'histoire de leur peuple, mais aussi le quotidien de la femme congolaise, le tout en musique. Sur scène, pas d'instruments au sens traditionnel du terme, mais du matériel de récupération, souvent trouvé dans une cuisine — une bonne façon de narguer le patriarcat. Ainsi, fourchettes, assiettes, paniers et pilons se mélangent aux voix de Samba et de ses quatre choristes pour faire voyager l'assemblée tout en passant un message percutant lié à la condition de la femme.

Les cinq chanteuses ont été présentées par l'Institut Français du Congo au producteur Rrobin, représentant la Coopérative de Mai, une salle de concerts située à Clermont-Ferrand, à l'occasion du projet "Visa pour la Création" dont les deux structures étaient partenaires. En automne 2019, Rrobin se rend à Brazzaville pour dix jours de maquettage en studio, et le premier album des Mamans du Congo prend vie. Comme une continuation du projet de 2018, cet album éponyme, sorti fin 2020 chez Jarring Effects, transpose des sonorités traditionnelles bantoues dans des styles plus modernes, partant du rap jusqu'à la house, en allant parfois fricoter avec l'ambient. Succès critique auprès de la presse spécialisée, l'album plante les graines d'un groupe alors prometteur.

Début mars 2023, le désormais sextuor revient avec un nouvel EP, prélude d'un second album à paraître dans les mois à venir. Kikento est composé de quatre morceaux montrant l'évolution du groupe, tant dans la composition de sa musique que dans la manière de poser les voix. Ici, les chœurs prennent plus de place, les beats sont plus lourds, la production est plus léchée… Tout est monté d'un cran, et l'on ressent désormais à cent pour cent le pouvoir féminin (c'est ce que signifie le nom du disque en lari, la langue native de Kinshasa et Brazzaville) que possèdent les Mamans.

Les Mamans du Congo & Rrobin vendredi 24 mars à La Source (Fontaine), de 10€ à 17€


<< article précédent
Nuits de Fourvière 2023 : Kassav', Pomme, The Black Keys, QOTSA, Sigur Rós, Polnareff...