Foisonnante immigration


Petite mais foisonnante, l'exposition Douce France propose une plongée dans l'histoire des musiques issues de l'immigration maghrébine en France, des années 1960 à l'orée des années 2000 – autrement dit, de la guerre d'Algérie au triomphe de la tournée et du disque 1, 2, 3 Soleils (Rachid Taha, Faudel et Khaled). Au fil du parcours, grâce aux fac-similés d'affiches, aux nombreux documents photographiques et aux extraits vidéo, le visiteur découvre l'effervescence des cabarets orientaux parisiens, la vitalité des premières émissions de TV à destination de la communauté immigrée, l'intensité des luttes des années 1970 et 1980 et bien sûr l'émergence du mouvement hip-hop. On retiendra en particulier les nombreux témoignages de la figure tutélaire Rachid Taha et une série de clips aussi kitsch qu'émouvants réalisés par des musiciens émigrés (mention spéciale au mélancolique et hilarant Madame encore à boire de Slimane Azem). En plus de cela, le visiteur trouvera plusieurs installations ludiques, dont un karaoké et un quiz qui lui permettra de savoir s'il a bien été attentif à ce qu'il a lu, vu et entendu. Bref, une exposition qui rappelle à quel point la notion d'identité est nécessairement mouvante et qui invite à se pencher sur cette part de culture qui est la nôtre – car "l'intégration" se doit d'être réciproque, non ?

Douce France  jusqu'au 8 avril à l'Ancien musée de peinture, entrée libre


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