Folies oculaires et langues latines

Dix ans après sa création, Ojo Loco poursuit son chemin et continue à offrir une profusion d'images aux amateurs de productions ibériques et latino-américaines : plus d'une quarantaine de films courts et longs figurent au menu de cette édition 2023.


Plusieurs grands festivals internationaux ont l'an dernier adressé des signaux d'amitié à la nouvelle génération du cinéma ibérique et latino-américain : Berlin a ainsi décerné son Ours d'or à Nos soleils de Carla Simón, Locarno le Léopard du même métal à Regra 34 de la Brésilienne Julia Murat. Très attendu, ce dernier est programmé par Ojo Loco au sein – sans jeu de mot – de sa section avant-première abritant aussi notamment Les Tournesols sauvages du prodige Jaime Rosales, ou Creaturas de Carlos Vermut. Promis à une sortie prochaine, ces longs-métrages ne concourent pas dans la compétition 2023 qui – excellente initiative – n'accueille que des inédits en attente d'un distributeur (pourquoi pas Plátano Films, la structure lancée par Fa Sol Latino, l'association chapeautant Ojo Loco ?). Huit fictions et autant de documentaires sont en effet à découvrir, consolidant le rôle de défricheur du rendez-vous grenoblois.

Lucha libre finale

Quant à son éclectisme, il ne saurait être discuté : la section Coups de cœur en témoigne, qui accorde au passage une grande place à la jeunesse, des Rois du monde à El Agua en passant par L'Eden ou le tendre film d'animation Valentina (Goya 2022). Année tristement commémorative oblige (marquant les 50 ans du "premier 11 septembre", celui du coup d'État à Santiago), un focus portera également sur le Chili avec plusieurs rencontres et conférences, ainsi que des films en support tels que le documentaire en compétition Punto de Encuentro (en présence du réalisateur Roberto Baeza et des protagonistes Paulina Costa et Luis Costa) ou le remarquable Chili 1976 de Manuela Martelli. On terminera par une évocation moins sinistre du passé via le patrimoine avec la Nuit Blanche du cinéma de genre, qui aligne rien moins que Wood & Stock, Dans les ténèbres, Arrebato et Los Campeones justicieros, une rareté délirante avec des lutteurs de lucha libre qui donne envie d'être vue – surtout à 3h30 du matin.

Ojo Loco du 28 mars au 9 avril au Méliès et à la salle Juliet-Berto (Grenoble) ; à Mon Ciné et sur le campus (Saint-Martin-d'Hères). Programme détaillé sur www.ojoloco-grenoble.com


<< article précédent
Les sorties cinéma du 5 avril : "Les Trois Mousquetaires : D'Artagnan", "About Kim Sohee", "À mon seul désir", "L'Établi", "Normale", "C'est mon homme"...