"Je suis une fille sans histoire", la leçon de choses d'Alice Zeniter au TMG


Elle sait tout faire Alice Zeniter. Autrice à succès, primée (le Goncourt des lycéens en 2017 pour L'Art de perdre et le Renaudot des lycéens toujours pour le mémorable Juste avant l'oubli deux ans plus tôt), voici qu'elle écrit pour le théâtre, met en scène et joue (en solo) dans Je suis une fille sans histoire, créé à l'automne 2020 à la Comédie de Valence, dont le directeur Marc Lainé, a d'ailleurs signé la scénographie. Une table et une chaise en formica, un écran et un amoncellement de papier froissé. Tout est blanc et ira jusqu'à former la caverne de Platon dans laquelle la normalienne ira se réfugier. Car Alice Zeniter a une ambition : « Parler du récit, partager des outils, des réflexions » et constater que le réel c'est précisément « tout ce qui n'est pas transmis par le récit ». C'est donc qu'il y a falsification d'autant que « pour Aristote, une bonne histoire, c'est une histoire d'homme remarquable qui fait des trucs violents ». Et ça fonctionne encore comme ça aujourd'hui.

Elle va donc redonner leur place aux femmes des romans qui ont structuré des siècles de littérature et déconstruire les clichés qui ont la peau dure car elle se dit « furieuse de porter les conséquences de ces récits-là ». Hyper documenté, étayé même par des schémas (la machine afférente de l'économiste très recommandable qu'est Frédéric Lordon), Zeniter signe un spectacle-conférence solide mais qui a le défaut de ses qualités : trop brillant et comme content de sa pertinence.

Je suis une fille sans histoire vendredi 31 mars à 20h au TMG - Grand théâtre, de 5€ à 16€


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