Opéra comique


Dans le monde du théâtre musical, Le Crocodile trompeur du duo (aujourd'hui séparé) Jeanne Candel et Samuel Achache est l'une des plus éclatantes réussites de ces dernières années. Créé il y a tout juste dix ans (et passé dans la foulée par la MC2 – on lui avait même accordé notre une avec le titre "Crocodile dandy"), ce spectacle à l'allure bricolée est pourtant bien assis sur ses fondations solides : celles de la partition Didon et Énée (1689) du compositeur anglais Henry Purcell adaptée au goût (jazzy) du jour par le musicien Florent Hubert. Aux côtés de ce dernier, toute la troupe porte avec un sens de l'ironie très british cette histoire d'amour tragique – et, comme souvent dans l'opéra, fatale à l'héroïne.

Dans une scénographie rappelant le tableau L'Ouïe du peintre flamand Brueghel, les moments musicaux intenses côtoient d'autres plus burlesques, comme lors de l'exploration du corps de Didon par des médecins superbement bien habillés. Jeanne Candel et Samuel Achache ont ainsi fait preuve d'une grande intelligence théâtrale en utilisant tous les talents de leur protéiforme distribution, avec notamment le comédien et chanteur Léo-Antonin Lutinier, véritable carburant à rires parfait en chef d'orchestre à ski, ou encore la comédienne et chanteuse Judith Chemla (souvent vue au cinéma – dernièrement Le Sixième enfant), absolument magnétique dans le rôle-titre.

« On a essayé de sortir l'opéra de ses gonds, de le déstructurer, d'être complètement libre, mais la pureté de la musique de Purcell est là, c'est tellement, tellement beau », résumait-elle l'an passé à France Musique lors de la promotion de cette reprise. C'est exactement ça. 

Le Crocodile trompeur, Didon et Énée jeudi 4 et vendredi 5 mai à la MC2 ; de 5€ à 41€


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