Au fil de l'eau


La plasticienne Émilie Chaumet invite le visiteur à une rêverie douce-amère en l'immergeant dans un flot de dessins et de sculptures en apesanteur. Sous le nom de Plaques sensibles, les premiers rappellent les choses de la nature vues au microscope ; encre et feutre se font traces délicatement cryptées de la vie et de son passage. Les secondes sont quant à elles le fruit de longues heures de couture. D'épais tissus superposés et brodés donnent à voir en suspension leurs angles sinueux et leurs rondeurs épanouies, que le fil parfois caresse et parfois tranche. Ainsi le regard se pose et se dépose, séduit par les courbes abstraites qui flottent, interpellé par la légèreté des fils qui pleuvent au-dessus des sculptures ou le poids de ceux qui, libres de nœuds, dessinent leur fuite au sol. Une petite salle est dédiée tout entière à de menus nuages en lévitation : chantilly ourlée d'or, ils se déploient le long du mur et alourdissent l'air d'une étrange inquiétude. En surplomb de leur propre ombre et traversés de fils d'or, comme autant d'éclairs et de cicatrices, ils sont l'orage ponctuant la pluie évoquée par l'artiste, celle qui « s'abat sur ces paysages imaginaires d'émotions réelles ».

Émilie Chaumet : Quand je ferme les yeux, sans filtre, j'habite le monde jusqu'au 27 mai à la galerie Place à l'Art (Voiron), entrée libre


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