Auprès de ses arbres


Marqué par la destruction d'un magnifique frêne situé à proximité de chez lui, Jean-Pierre Saez photographie les arbres comme pour mieux leur témoigner son attachement – par le biais de la photographie, il en a fait ses amis. Son approche, éminemment subjective, volontairement anti-scientifique (ni les lieux, ni les essences d'arbres ne sont spécifiés), témoigne de l'intimité qu'il partage avec ces magnifiques végétaux qui devraient inspirer l'humilité mais que l'on a tendance à préférer massacrer. En couleur, en noir et blanc, en gros plan, en pied, ou en contre-plongée, Jean-Pierre Saez nous invite à poser un regard neuf sur ces arbres qui ne sont pas toujours extraordinaires, ou remarquables. « J'ai trouvé de la beauté dans les arbres les plus communs. Ils n'ont rien de stupéfiant, sauf si on les regarde avec attention. » Et c'est précisément cette attention qui l'amène à identifier ce qui fait la singularité de chacun d'entre eux. Le photographe observe, scrute, s'amuse et fantasme le caractère qu'il imagine de ces arbres, et dont il nous fait part grâce à des titres truffés de jeux de mots : Soixante huitard-rbres, Soli-terre ou Arbrabesque… On retiendra tout particulièrement la série des écorces, qui apparaissent tour à tour filandreuses, mousseuses, plissées ou boursoufflées, violemment lacérées ou magnifiquement craquelées.

Sexarbores. Jean-Pierre Saez jusqu'au 16 juin à la galerie du Rabot, librairie Arthaud ; entrée libre


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