Le grain de l'enfance


Un peu comme le vinyle fait son retour en force, les pratiques argentiques de la photographie regagnent du terrain. En effet, face à la surproduction quotidienne d'images à la netteté aseptique, de plus en plus de photographes revendiquent une approche sensible où le flou, le grain et le trouble participent des qualités de leurs images. Avec ses tirages au cyanotype sur papier aquarelle, Lise Busarello s'inscrit dans cette tendance et nous invite à un retour en enfance, dans une campagne hors du temps.
Insouciants, les enfants y jouent, se perdent dans les bois et rêvent dans des images aux contours incertains, nimbées de bleu, évoquant des souvenirs dont les détails s'estompent.

Lise Busarello nous raconte des histoires sans trop en dire, parfois grâce à des polyptyques dont les associations libres (une sculpture de Vierge en contre-plongée, l'écorce d'un arbre en gros plan et le profil d'un enfant illuminé par le soleil…) laissent libre cours à l'interprétation du spectateur, qui sonde alors dans ses propres souvenirs d'enfance ; à une époque où les images photographiques bien que souvent défaillantes avaient quelque chose de précieux – un peu comme ces vieux vinyles de nos parents dont les craquements conféraient à leur musique une forme d'authenticité respectable.

Le temps d'un silence. Lise Busarello  jusqu'au 10 juin à la galerie Ex-Nihilo, entrée libre


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