Sa toute première programmation en tant que directeur de l'Hexagone, l'année dernière, aurait pu dérouter le public. Il n'en est rien, Jérôme Villeneuve annonce un remplissage de 65% sur la saison 22-23, « au même niveau que la précédente ». Ce qui l'encourage à persévérer dans « l'expérimentation » avec, cette année, une programmation scindée en deux : l'une centrée sur l'Hexagone d'octobre à mars ; l'autre en hors les murs de mai à juillet, qui ne sera dévoilée qu'au premier trimestre 2024.

D'ici là, place à la saison "classique" et sa grosse vingtaine de spectacles où l'on retrouvera, peut-être encore plus assumée, la patte Villeneuve. Soit une mise en lumière de la création numérique au service d'un spectacle vivant innovant. Retour donc des soirées #AV avec des propositions audiovisuelles qui se veulent impactantes, émotionnellement fortes : Fraction et son indéfectible lien entre images et sons, Spime.IM et son flot de photos en cascade sur une électro cinglante et galopante, Klara Lewis, Nik Colk Void & Pedro Maia qui marient pop, noise et pellicules 16 mm manipulées en live…

L'écologie en fil rouge

Le numérique, la technologie, s'immiscent aussi dans les formes artistiques plus traditionnelles avec le théâtre en motion capture de Lavinia ou le duo humain/robot Huang Yi & Kuka qui s'annonce comme l'un des spectacles de danse les plus excitants de la saison. Mais il s'agit toujours de questionner ces nouveaux outils, de les replacer dans un contexte, notamment à l'aune de la crise climatique, autre fil rouge de cette programmation. Sur ce thème, citons Mer Plastique (pièce pour 5 danseurs et 16 000 sacs plastiques), la vraie-fausse conférence de l'inénarrable Frédéric Ferrer Borderline Investigations #2 ou La Bombe Humaine qui s'interroge avec humour sur nos contradictions intérieures vis-à-vis de l'écologie. Contradiction (et humour) toujours avec À ne pas rater, spectacle théâtral a priori malin qui aborde la crainte de faire des choix, de manquer quelque chose, de se rendre à une soirée plutôt qu'une autre (on connaît bien ça au Petit Bulletin). Puisqu'on parle de s'esclaffer, n'oublions pas de signaler la venue de Guillaume Meurice avec l'astrophysicien Éric Lagadec pour une création intitulée Vers l'infini (mais pas au-delà).

Musique et jeune public

Quelques propositions musicales sont également au programme : le violoncelliste Gaspar Claus en solo, la vocaliste Leïla Martial, et deux spectacles autour du piano préparé, Anatomia de Claudine Simon et le duo Grandbrothers qui promet quelques frissons aux aficionados d'électro ambient et acoustique. Pour être complet, ajoutons le ciné-concert Quitter son caillou, qui s'adresse cette fois-ci au jeune public dès 7 ans. D'ailleurs, les enfants pourront aussi découvrir Murmur (dès 4 ans), numéro de cirque où l'ambiance sonore est au cœur de la narration, ainsi que Céleste, ma planète (à partir de 10 ans), une histoire d'amour et de combat écologique – inépuisable fil rouge.

Fête de lancement de la saison jeudi 14 septembre à l'Hexagone, gratuit


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