À voir
Réalisateur confirmé, Giovanni regagne les plateaux pour raconter une histoire ancrée dans les années 1950 et le PC italien. Mais le tournage s'avère compliqué : sa femme-productrice essaie de le quitter, son coproducteur français fait des filouteries, sa fille s'amourache d'un vieillard… Eh : les temps changent !
Avec une (auto)satisfaction manifeste, Nanni Moretti se pose en (vieux) sage nostalgique dépositaire du vrai savoir, de la culture voire de la Vérité, qu'il assène à tous d'une voix exagérément traînante, détachant les syllabes comme s'il voulait en sus de sa leçon, enseigner la diction à ses interlocuteurs. 90 minutes de (presque) pensum où l'on voit un boomer confit dans ses rites, pleurer sur les mânes du PCI ; tourner en dérision/ridicule un jeune collègue aux faux-airs de Tarantino parce qu'il s'adonne à un cinéma de genre non réaliste… avant de faire comme Tarantino en réécrivant l'Histoire pour qu'elle s'accorde à ses désirs. S'il y avait de l'autodérision dans Journal intime et Aprile, on peine à distinguer le second degré tant ici l'auteur en pantalon de velours côtelé se célèbre – jusque dans la parade finale, le consacrant parmi les gloires du cinéma italien. On a vu plus modeste.
On retiendra malgré tout une jolie séquence face aux décideurs de Netflix théorisant les produits-films minute par minute, où l'on apprend qu'il faut contractuellement un moment "what-the-fuck", mais aussi la présence de Mathieu Amalric en producteur escroc. Ou encore cette attente d'éléphants digne de Beckett. À se demander si l'éléphant du film n'est pas Moretti, noyé dans sa mémoire…
De & avec Nanni Moretti (It.-Fr.., 1h36) avec également Margherita Buy, Silvio Orlando, Barbora Bobulova…
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