La standing ovation finale récompensait-elle le spectacle ou la carrière sportive incroyable de Martin Fourcade ? Difficile à dire tant Hors-piste, dont c'était la première mercredi 18 octobre à la MC2, sonne comme une ultime célébration du biathlète tricolore, jeune retraité venu à la rencontre de son public. Il eût été plus juste de titrer "Hors normes" (si ce n'était déjà pris), ce seul-en-scène retraçant surtout les jalons les plus heureux d'un parcours émaillé de victoires, de podiums, de records, raconté de l'intérieur par le champion.

Martin Fourcade nous dévoile son immuable routine d'avant-course, témoigne de la pression médiatique, évoque cet instant crucial du dernier tir couché, de la dernière cible à atteindre pour décrocher un titre olympique… Néanmoins, on regrette beaucoup que les doutes et les coups durs ne soient qu'effleurés, dans un spectacle qui n'évite pas toujours l'écueil de la conférence TEDx, où règnent les bons sentiments. Une exception notable : la séquence d'ouverture dans laquelle Martin Fourcade rejoue son premier podium olympique à Vancouver. Dans le public, son grand frère Simon, effondré de ne pas monter sur la boîte, à la fois jaloux et admiratif de la réussite de son cadet.

Admiratif, impossible de ne pas l'être devant ce garçon qui enchaîne les victoires, y compris les plus inattendues. Le nouveau défi qu'il s'est lancé en montant sur les planches est encore une fois relevé haut la main : Martin Fourcade habite la scène, le placement de la voix est juste, le rythme maîtrisé, la sincérité éclatante, le tout dans une mise en scène simple et ajustée signée Matthieu Cruciani. Si les non-initiés risquent de rester au bord de la piste, les fans du biathlète, qui ont comme nous vibré derrière leur téléviseur enneigé pendant les JO de Sotchi, passeront un très bon moment.

Hors-piste jeudi 19 octobre à la MC2, complet