Une Cinémathèque, pour quoi faire ?

Arrivée il y a plus d’un an aux manettes de la structure, sa nouvelle direction a eu, en gros, à répondre à cette question. Et y est parvenue, même s’il va falloir encore un peu de temps pour affirmer son projet. Entretien avec son directeur Guillaume Poulet, pour faire le point. Propos recueillis par François Cau

Petit Bulletin : Comment jaugez-vous l’année écoulée, par rapport aux objectifs que vous vous étiez fixés ?
Guillaume Poulet :Justement, l’un de vos objectifs était malgré cela une meilleure identification de cette salle…
Je pense que ça va avec l’augmentation de la fréquentation et un renouvellement des spectateurs de la Cinémathèque, mais on a vu des gens qui venaient pour la première fois à la salle Juliet Berto, et notamment, ce qui est aussi très positif, on a réussi à avoir des salles à moitié remplies d’étudiants, alors qu’on sait que ce public est très volatile, qu’on se heurte à ses nouvelles habitudes de consommation.

Et pour ce qui est de la légitimité de la Cinémathèque auprès des collectivités locales, pensez-vous avoir accompli du chemin ?
Disons qu’auparavant, il y avait un fonctionnement de la Cinémathèque qui ne convenait plus forcément à la Ville ou ailleurs, il y avait sans doute une perte de confiance. Je pense que les gens voient les changements, clairement, à tous les niveaux. Il reste peut-être des interrogations, la Ville comme les autres bailleurs sont assez curieux de voir l’état des collections et de la structure, pour trancher de la pertinence d’une Cinémathèque à Grenoble. Je pense qu’au bout d’un an, à travers le travail qu’on a pu mener, on a montré qu’on avait une place, qu’on favorisait un certain nombre de projets autour du cinéma sans empiéter sur les plates-bandes de qui que ce soit. On est complémentaires de lieux dont on se rapproche d’un point de vue éditorial, le Club ou le Méliès, on travaille et on collabore avec eux en bonne intelligence.

Vous vous apprêtez à célébrer la fin d’un des plus gros chantiers de la Cinémathèque, l’inventaire du fonds…
On arrive effectivement à un moment important pour la vie de la structure. Il me semblait crucial que l’inventaire ne soit pas fait juste entre nous ici, même s’il montre que la Cinémathèque de Grenoble n’est pas juste une petite asso qui tourne autour de trois copies, mais qu’il nous permette d’intégrer un réseau existant, la base de données des Archives Françaises du Film. Après, pour revenir au fonds, on n’a pas eu de grosses surprises en termes de découverte, les raretés (250 titres environ) avaient été identifiées, mais on a été surpris par contre de s’apercevoir qu’il y avait plus d’œuvres que ce qu’on avait estimé initialement.

A l’heure où on ne cesse de parler du passage des salles au tout numérique, la Cinémathèque sera l’un des derniers bastions de l’argentique ?
Forcément, bientôt, il n’y aura plus que les Cinémathèques qui seront encore équipées de projecteurs 16 et 35mm – on a des collections, des fonds, si on veut les exploiter il faudra bien ça ! Pour ce qui est du passage au numérique, la question est complexe. C’est un investissement important en termes de travaux et d’équipement. Il y a des plans d’aide au niveau du CNC et au niveau régional, sauf que pour l’instant ça ne concerne que les salles de cinéma, pour les festivals et lieux autres dont les cinémathèques, ce sera vu plus tard. Par ailleurs, je me suis rendu à une table ronde récemment avec des exploitants de la région, des voix s’élèvent et prétendent qu’en l’état, près de 20% du parc de salles en France pourrait rester sur le carreau avec le passage au numérique…

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