Le grand silence

Analyse / Peu diserts sur leur œuvre, il faut écouter les frères Coen attentivement pour trouver dans leurs propos quelques clés d’analyse… CC

Les Coen n’aiment pas parler de leurs films, comme beaucoup de grands cinéastes américains — de Ford à Fincher en passant par Hawks et Eastwood. Leurs premières interviews étaient avant tout des successions de blagues, et même l’honneur suprême de la Palme d’or à Cannes, qui plus est avec leur film le plus introspectif (Barton Fink), n’a pas vraiment changé la donne. Ce qui en ressort en général, ce sont des questions de méthode.

Acteurs
Ainsi confessent-ils que c’est la manière dont les personnages s’expriment qui les motive à construire leurs histoires. L’acteur est bel et bien le centre du cinéma des Coen, d’où leur fidélité à des comédiens (Clooney en est à trois films avec eux, Bridges et Brolin deux, tout comme en leur temps John Turturro et Steve Buscemi). Des acteurs qui acceptent par ailleurs de se soumettre à la vision des cinéastes, sans chercher à la déborder — leur expérience avec Nicolas Cage sur Arizona Junior fut douloureuse, l’acteur cherchant à proposer à chaque prise de nouvelles interprétations.

Éclectisme
Pour True Grit, ils affirment ne pas avoir eu envie de faire un western en particulier, mais d’avoir trouvé dans le roman de Charles Portis une matière intéressante à transposer à l’écran. Pourtant, il est notable que l’œuvre des Coen se promène d’un genre à l’autre, à la manière de Kubrick (Burn after reading, avec le recul, est un peu leur Docteur Folamour). Ils annoncent d’ailleurs que leur prochain film sera un film d’horreur — leur Shining ? Cet éclectisme est pour eux une affaire «d’expériences». Interrogés à l’époque de Fargo sur leur capacité à rencontrer le grand public (ce qu’ils viennent de faire avec True Grit), ils répondaient : «Nous aimons expérimenter des choses différentes. Peut-être un jour l’une d’entre elles touchera le jackpot.» Bingo !

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