La déesse du Carnage

Livre / En mai dernier, Yasmina Reza était invitée aux Assises internationales du roman organisées par la Villa Gillet à Lyon. Elle y avait dialogué avec la romancière Marie Desplechin, et la conversation a glissé à un moment sur Le Dieu du carnage, la pièce écrite par Reza adaptée par Roman Polanski. Le texte de cette rencontre est désormais disponible (avec les autres rencontres des Assises) dans un opuscule qui vient de paraître. En voici un extrait : «Dans Le Dieu du carnage, je voulais exprimer une chose qui m’énervait dans la vie, c’est la contradiction permanente entre le discours idéologique, la volonté d’être exemplaire dans le discours et la réalité des sens, la réalité des nerfs. Par exemple, je me souviens que j’avais été très hostile à ces premières manifestations antiracistes qui consistaient à porter un badge «Touche pas à mon pote». Parce que ça consistait à acheter de la sagesse à très bas prix. Et qu’accepter que l’homme différent soit votre ami est un très long chemin, très difficile. Ça ne se fait pas par une volonté bien-pensante et le port d’un badge. (…) Et dans Le Dieu du carnage, ce qui m’amusait, c’est que les personnages, pour certains, croient aux vertus pacificatrices de la culture. Ils ont des points de vue extrêmement sophistiqués sur la culture qu’on pourrait entendre en se disant : «Oui, il a tout à fait raison». Sauf qu’il suffit qu’il y ait un événement qui touche à l’enfant. Et on est passablement susceptibles sur les enfants. (…) Et le discours ne tient plus, tout bascule. Je pense que c’est ça qui fait que dans beaucoup de pays, même dans des endroits inattendus pour moi, ce théâtre peut être joué. Parce qu’il repose sur des ressorts terriblement humains, au sens de l’impulsivité et de l’intempérance.»

«Assises internationales du roman 2011» (Christian Bourgois/Titres), 10€

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