La Nuit fauve

Classique / Fils du grand Maurice Tourneur, cinéaste français ayant offert au muet hollywoodien quelques-unes de ses œuvres phares, Jacques Tourneur lui emboîte le pas durant l’âge d’or des studios. S’associant avec le rusé mais avisé producteur Val Lewton, il lance sa carrière avec une trilogie de films «de peur» qu’il tourne pour la RKO, studio alors réputé pour ses budgets modestes et l’efficacité de ses techniciens. De fait, La Féline, Vaudou et L’Homme léopard compensent leur peu de moyens par une direction artistique inventive, une photographie faisant la part belle au clair-obscur, rehaussant le travail détaillé et méthodique sur les décors (en dur ou complétés par de superbes matte-paintings).Ce style convient parfaitement au projet de Tourneur, qui montre peu mais suggère beaucoup, promenant le spectateur dans des scénarios pas toujours grandioses (et forcément datés) en lui faisant miroiter la prochaine scène d’angoisse, pour le coup remarquable dans sa mise en scène. L’Homme léopard, dernier film de la trilogie, se déroule dans un Nouveau Mexique plein de castagnettes et d’amourettes mélodramatiques, de diseuses de bonne aventure et de flics nonchalants. Dans la première séquence, à la faveur d’une mesquinerie qui tourne mal, un léopard s’échappe dans la nature. Quelques heures plus tard, une jeune fille est dépecée en revenant de l’épicerie, première victime de l’animal… qui n’en est peut-être pas un ! Ce «meurtre» est l’occasion d’une belle démonstration de la part de Tourneur : la victime doit passer sous un pont dans un terrain vague. Pour le cinéaste, c’est surtout l’ooportunité de la faire disparaître dans l’obscurité, de faire surgir un train invisible figuré par des rais de lumière sur son visage et une bande-son stridente, de la regarder s’approcher d’un plan d’eau inquiétant. Tourneur sculpte la peur avec de la lumière, et définit une forme d’angoisse primitive, celle que les meilleurs séries B d’horreur exploitent encore aujourd’hui.
Christophe Chabert

L’Homme léopard
Mercredi 18 janvier à 20h

pour aller plus loin

vous serez sans doute intéressé par...

Mardi 15 janvier 2019 Onzième édition pour le Festival des Maudits Films, qui revient du mardi 22 au samedi 26 janvier au cinéma Juliet-Berto avec une équipe renouvelée mais un objectif inchangé : faire découvrir l’époustouflante richesse du cinéma bis à travers un vaste...
Mardi 17 janvier 2017 Vaste et méconnue constellation peuplée de perles cinématographiques en tout genre, le cinéma bis sera à l’honneur cette semaine à l’occasion de la neuvième édition du Festival des maudits films. Histoire de rendre hommage à la fabuleuse diversité...
Mardi 10 janvier 2017 Du mardi 17 au samedi 21 janvier au cinéma Juliet Berto se déroulera la 9e édition de l’incontournable Festival des Maudits Films, dédié au cinéma bis… de B à Z. On (...)
Mardi 20 septembre 2016 En plein centre-ville de Grenoble, place Saint-André, se cache le cinéma Juliet Berto. Une très belle salle occupée par la Cinémathèque, mais aussi par le Ciné-Club de Grenoble, association qui fêtera ses cinquante ans en 2017. On est allés...
Mardi 19 janvier 2016 Après les attentats de novembre, Nicolas Boukhrief avait pris avec philosophie et dignité la non-sortie sur les écrans de son “Made in France”, sur une cellule djihadiste qui doit semer le chaos au cœur de Paris. Il découvre qu’un festival à...
Mardi 12 janvier 2016 Pour sa huitième édition, le Festival des maudits films dévoile une fois encore une sélection d’œuvres « bis » éblouissante de diversité. On en a sélectionné six au sein de la rétrospective et de la compétition ; à vous de découvrir le reste !...
Mardi 20 janvier 2015 Séries B, Z, ou X, la septième édition du festival des Maudits films s’intéresse au cinéma d’exploitation en lettres capitales, des « cous rouges » américains aux culs rougis du porno français. Petit panorama des réjouissances… Christophe Chabert
Mardi 20 janvier 2015 Tous les cinéastes ne peuvent pas être Hawks, Ford ou Hitchcock… Et comme il faut de tout pour faire un monde, des grands maîtres et des tâcherons, des (...)
Mardi 9 décembre 2014 Ça s’appelle la convergence des luttes : d’un côté, Vues d’en face, le festival qui défend le cinéma gay et lesbien ; de l’autre, le festival des maudits (...)
Lundi 21 janvier 2013 Il y a trois manières d’escalader la filmographie de Tod Browning : par son versant culte via le diptyque Freaks / L’Inconnu ; par sa face classique, (...)
Lundi 21 janvier 2013 Alors que les musées archéologiques de Lyon et de Saint-Romain-en-Gal consacrent une grande exposition, à la fois historique et cinéphile, au genre, les (...)
Lundi 21 janvier 2013 C’est la grande nouveauté du festival : une compétition officielle dans les règles de l’art, avec jury et grand prix, où l’on devra départager cinq films venus de tous horizons, entre inédits, avant-premières et nécessaire redécouverte. Passage en...
Lundi 21 janvier 2013 Quel cinéaste plus approprié pour une séance de minuit que l’électron libre survolté et subversif Frank Henenlotter ? Figure de proue du cinéma trash 80’s qui a (...)
Lundi 21 janvier 2013 Joyau noir du cinéma américain des années 70, et unique film de James William Guercio, plus connu pour ses activités de producteur du groupe Chicago, Electra (...)
Lundi 21 janvier 2013 Deuxième volet d’une série de quatre films considérée (à juste titre) comme l’une des plus marquantes du cinéma d’exploitation japonais des années 70, Elle (...)
Lundi 21 janvier 2013 5e édition pour le Festival des Maudits Films, caractérisé cette année encore par une sélection absolument irréprochable de films bis des années 1910 à nos jours. L’occasion de rendre hommage à ce cinéma de la marge, dont la générosité, la...
Mercredi 9 janvier 2013 Pour lancer sa nouvelle édition (dont on reparlera longuement la semaine prochaine), le festival des Maudits films s’offre une soirée d’ouverture grande (...)
Dimanche 8 janvier 2012 Invité d’honneur de cette édition du Festival des Maudits Films, l’éditeur Le Chat qui Fume viendra présenter quelques nouveaux fleurons de son catalogue et (...)
Vendredi 6 janvier 2012 La nouvelle édition du Festival des Maudits Films enfonce le clou d’une ligne éditoriale aussi ludique qu’exigeante. En offrant la parole à d’authentiques passionnés de la chose cinématographique, en exhumant des bijoux méconnus du 7e art, et, in...
Lundi 10 janvier 2011 Le Centre Culturel Cinématographique célèbre cette année la troisième édition de son Festival des Maudits Films, et le rallonge même d’une (plantureuse, il va sans dire) journée supplémentaire. Joie, allégresse, et commémoration festive du cinéma de...
Jeudi 6 janvier 2011 Le Festival des Maudits Films se conclut en beauté avec un double hommage au méconnu Paul Bartel. Un auteur frondeur, cousin cinématographique d’un John (...)

restez informés !

entrez votre adresse mail pour vous abonner à la newsletter

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X