Les Enfants-loups, Ame et Yuki

La Traversée du temps puis Summer wars avaient permis à Mamoru Hosoda d’incarner une possible relève de l’animation japonaise post-Miyazaki. Avec Les Enfants-loups, Ame et Yuki, il n’y a plus de doute : on est face à un grand cinéaste, qui signe ici un des films importants de l’année. Hosoda captive son spectateur dès l’introduction, idylle entre une jeune étudiante et un homme-loup qui donne naissance à deux enfants, Yuki et Ame. Plutôt que de s’appesantir sur les présupposés mythologiques de son récit, Hosoda préfère raconter avec délicatesse la naissance de cet amour, le temps de séquences superbes, enchaînement de plans sans dialogue rythmé par la belle musique de Kyôko Kitahara. Alors que l’histoire menace de verser dans le mélodrame, Hosoda prend un virage inattendu et va s’intéresser à l’éducation difficile (pour eux comme pour leur mère) des deux enfants, tiraillés entre leurs natures d’humain et de loup. Avec une grande souplesse de trait (dans l’animation comme dans la narration) et une attention constante aux détails, le cinéaste raconte comment un être se construit socialement et psychologiquement, par des hésitations, des reniements, en faisant l’expérience de l’autre mais aussi de ses propres failles. Pas de naïveté là-dedans : le film est seulement baigné d’une infinie indulgence pour ses personnages et d’une extrême beauté quand il s’agit de les inscrire dans une nature majestueuse qu’Hosoda traverse dans d’impressionnants travellings subjectifs, seuls instants de lyrisme dans un film qui tend constamment vers la simplicité.

Christophe Chabert

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