Le Coeur battant

De Roberto Minervini (Ita-Belg-ÉU, 1h41) avec Sara Carlson, Colby Tritchell…

Vu il y a plus d’un an à Cannes, Le Cœur battant (Stop the pounding heart, titre original) a laissé un fort sentiment de gêne lié à son mélange indiscernable de documentaire et de fiction, mais aussi à son point de vue pour le moins ambigu. Minervini choisit de filmer une famille comme on en trouve dans le Sud des États-Unis, c’est-à-dire une main sur la Bible, une autre sur le canon de leur fusil. Ils élèvent des chèvres mais surtout ils vivent selon des préceptes religieux rigoristes façon Talibans chrétiens – pas d’école mais un enseignement maison, pas de recours à la médecine…

La mise en scène en fait un portrait élégiaque, notamment de Sara, jeune fille blonde et angélique qui tombe amoureuse de Colby, amateur de rodéo, et se demande si elle doit lui offrir sa vie. La posture du cinéaste se veut ethnologique, mais sa façon de scénariser le réel et d’esthétiser les situations finit par provoquer un embarras total : est-il fasciné par ce clan de mabouls (le discours, terrifiant de puritanisme, de la mère à sa fille ne laisse aucun doute sur leur degré de régression dans l’échelle de la culture et de la civilisation) ou pense-t-il que le spectateur saura seul les remettre à leur juste place ? On lui saura gré d’éviter ainsi le ricanement facile, mais à l’heure où la religion gagne du terrain sur le politique, sa démarche peut aussi passer pour une propagande stylisée et indolore.

Christophe Chabert

pour aller plus loin

vous serez sans doute intéressé par...

restez informés !

entrez votre adresse mail pour vous abonner à la newsletter

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X