Une merveilleuse histoire du temps

Une merveilleuse histoire du temps
De James Marsh (Angl, 2h03) avec Eddie Redmayne, Felicity Jones...

La vie de Stephen Hawking transformée en mélodrame très anglais par James Marsh, dans un film qui vise de façon ostentatoire les récompenses, de la performance de son acteur Eddie Redmayne à l’académisme de sa mise en scène. Christophe Chabert

« C’est sans doute la phrase la plus anglaise que j’ai jamais entendue » dit Jane Hawkins (la très belle et très douée Felicity Jones) à sa mère (la revenante Emily Watson) qui lui propose d’aller chanter dans la chorale de sa paroisse. Une merveilleuse histoire du temps est, de même, le film le plus anglais qui soit, du moins selon une image internationale faite de patrimoine littéraire et de patrimoine tout court. Pourtant, cette bio filmée du cosmologiste Stephen Hawking, atteint de la maladie de Lou Gehrig (popularisée récemment par les pitreries humanitaires des stars lors du Ice Bucket challenge), paraissait bien éloignée de ce programme.

Or, le film ne s’attarde guère sur les racines de son génie, sa passion des trous noirs, du big bang et de l’origine du temps, et son infirmité est surtout un formidable véhicule pour que le comédien qui l’incarne, Eddie Redmayne, offre une performance remarquable au sens où, des spectateurs aux votants de l’académie des oscars, tout le monde se plaira à la remarquer. Non, ce qui intéresse Anthony McCarten, le scénariste, et James Marsh, réalisateur du très fort Shadow dancer, c’est la relation entre Hawking et sa femme Jane, dans un mélodrame qui puise aux racines romanesques anglaises.

Raison et sentiments

Ils se rencontrent à Cambridge en 1963, s’embrassent sur un pont en dessous duquel passent des gondoles, vont passer le week-end chez les parents so british de Stephen (dont un père joué par l’insaisissable Simon McBurney)… On est ici à la limite de la carte postale et la mise en scène, parfaitement académique, ne fait rien pour dissiper cette sensation. Lorsque le bonheur conjugal des époux Hawking se fissure et que Jane rencontre un chef de chœur qui va devenir son amant, avec le consentement d’un Stephen de plus en plus amoindri, le film s’engage dans son vrai projet.

Marsh s’inscrit dans une logique très Jane Austen, mais reste extrêmement prudent, sinon prude, dans la représentation de ce ménage à trois. On a même droit à un parallèle malheureux entre l’infidélité de l’épouse et l’attaque qui coûtera à Hawking l’usage de la parole – et au caméo très what the fuck de Franck Lebeuf en médecin suisse ! Tout ce qui pourrait éventuellement troubler le storytelling très propre du film est systématiquement minimisé au nom d’une pudeur parfois hypocrite, comme s’il ne fallait pas entacher la légende Hawking, il est vrai toujours vivant aujourd’hui.

Une merveilleuse histoire du temps
De James Marsh (Ang, 2h03) avec Eddie Redmayne, Felicity Jones…

pour aller plus loin

vous serez sans doute intéressé par...

Mardi 19 janvier 2016 De Tom Hooper (GB, 2h) Avec Eddie Redmayne, Alicia Vikander, Ben Whishaw…
Mercredi 30 janvier 2013 Excellente surprise que ce thriller glacial signé James Marsh. Le cinéma anglais, dans la lignée du canon Ken Loach (Hidden Agenda) / Paul Greengrass (...)
Vendredi 30 mars 2012 De Simon Curtis (EU/GB, 1h42) avec Michelle Williams, Eddie Redmayne…

restez informés !

entrez votre adresse mail pour vous abonner à la newsletter

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X