Abel & Gordon : « On fait du théâtre à l'écran »

Paris pieds nus
De Fiona Gordon, Dominique Abel (Fr-Bel, 1h23) avec Fiona Gordon, Dominique Abel...

Interview / Clowns à l’écran et sur les planches, le duo Abel & Gordon se balade dans "Paris pieds nus" aux quatre coins de la capitale, occasion idéale pour tous les hommages et toutes les rencontres. Cartographie d’un univers partagé qui rend la réalité si triste et les pitres si beaux.

Avec Paris pieds nus, avez-vous essayé de retrouver la fibre unique du "réalisme poétique", ce courant cinématographique des années 1930-1940 marqués par des réalisateurs comme Jean Renoir, Marcel Carné, Jacques Becker, Jean Vigo, René Clair... ?

Dominique Abel : On s’inspire de leurs films, même si on a trouvé nos propres lieux, qui dégagent une magie bien particulière : je pense à cette Statue de la Liberté qui a été un vrai cadeau du ciel. L’idée de mettre un SDF qui plante sa tente à ses pieds, c’était chouette.

On a ainsi été nourris par plusieurs styles différents : on adore par exemple le burlesque : Max Linder, Buster Keaton, Charlie Chaplin, Laurel et Hardy, ou les créateurs plus contemporains comme Kaurismäki. Mais nos goûts sont plus larges que ça.

Emmanuelle Riva était-elle l’une de ces références ?

D.A : On ne l’avait jamais vue dans un autre registre que celui du drame. Elle était très curieuse, vivante, avec le rire incroyable d’une jeune fille de 14 ans. Elle faisait beaucoup de théâtre et nous, ce qu’on souhaitait, c’était répéter pour atteindre une mécanique propre à notre jeu. À ça, elle nous a dit non tout de suite : ce qu’elle fait pour le théâtre, elle ne l’applique pas au cinéma pour avoir de la spontanéité et être authentique. Sur le tournage, elle était dans la construction constante, dans une quête de perfection.

Ce goût pour la répétition vient-il de votre expérience théâtrale ?

Fiona Gordon : On revendique ce lien entre les deux médiums. On ne le renie pas, comme ça se fait souvent. Les acteurs qui passent du théâtre au cinéma veulent changer les codes. Ce qu’on fait en réalité, c’est du théâtre à l’écran.

Mais notre méthode de travail nous permet de travailler de cette manière. Que ce soit mauvais ou non, on essaie. On se laisse juger après. Parfois, une idée que j’imaginais nulle au théâtre, en la faisant, je me rends compte qu’elle est bien au cinéma.

D.A : Quand on écrit en répétition, on s’envoie des emails pour pas qu’il y ait de confrontation directe. On a toujours des désaccords, mais pas sur le fond. Je pense qu’on est touchés par la même chose et qu’on la cherche ; sinon on serait pas ensemble.

Ce qui a nourri tout le début du cinéma, c’est quand les clowns se sont emparés de la caméra dans la grande période burlesque. On a décidé de filmer des clowns cabossés, ce qu’ils sont tous. Un clown, c’est juste l’histoire de quelqu’un qui se relève.

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