Rentrée cinéma 2017 : les quatorze films qui feront notre automne

Bien sûr, on en oublie. Mais il y fort à parier que ces quatorze films constituent des pierres de touche de la fin 2017. Alors sortez votre agenda et cochez les jours de sortie avec nous.  

Le Redoutable de Michel Hazanavicius

13 septembre

Portrait chinois du cinéaste culte Jean-Luc Godard, au moment où il se défait de ce qui lui reste de fantaisie et commence par se prendre sérieusement au sérieux, Le Redoutable est adapté du récit autobiographique Un an après d’Anne Wiazemsky, qui fut en couple avec Godard. En savant théoricien-praticien de l’art du détournement, Michel Hazanavicius (l'homme derrière The Artist et les OSS 117) en a extrait une substance cinématographique purement godardienne, faite de références intellectuelles, de calembours à tiroirs et de ruptures narratives et stylistiques qui dépeint sans déférence ni cruauté le JLG égaré de 1967 (à son époque Mao-moi), à la fois fragile et tyrannique, jouée sans afféterie (mais avec chevrotement et cheveu sur la langue obligatoires) par Louis Garrel.


Mother! de Darren Aronofsky

13 septembre

Initialement programmée pour novembre, la sortie du nouveau Darren Aronofsky a été avancée pour cause de sélection vénitienne et c’est, à bien des égards, une excellente nouvelle. Déjà victorieux sur la Lagune avec The Wrestler en 2008, l’auteur de Requiem for a dream et de Black Swan convoque ici du lourd (Jennifer Lawrence, Javier Bardem, Michelle – toujours active – Pfeiffer, Ed Harris...) pour ce qui s’annonce comme un bon vieux thriller des familles mâtiné de fantastique dérangeant. La double affiche préventive, offrande de style sulpicien revisité grand-guignol, tient de la promesse merveilleuse ; il faudra cependant patienter jusqu’à la clôture d’une très alléchante Mostra (le festival qui, désormais, donne avec Toronto le tempo des Oscars) pour savoir si ce mystérieux flacon recèle l’ivresse escomptée.


Faute d’amour de Andreï Zviaguintsev

20 septembre

Il est des films qui vous marquent à vie par la grâce d’un seul plan. Chronique d’un déchirement familial, Faute d’amour est de ceux-là. Le cinéaste russe Andreï Zviaguintsev (Léviathan, Elena...) nous y montre le cri muet d’un enfant qui, témoin invisible d’une dispute de ses parents, apprend que ceux-ci se moquent de lui comme d’une guigne ; les conséquences seront dramatiques. Attendez-vous à une claque cuisante… comme toujours avec Andreï Zviaguintsev.


Le Sens de la fête de Éric Toledano & Olivier Nakache

4 octobre

Cette comédie douce-amère se déroulant dans les coulisses d’une noce est taillée sur mesure pour Jean-Pierre Bacri, interprétant un organisateur de mariages au bout du rouleau entouré par un cortège de bras cassés, de parasites et d’imprévus. Le droopyssime comédien a mis la main à la pièce montée scénaristique des Nakache & Toledano (le duo derrière Intouchables), permettant des relances quand le soufflé tend à retomber. Notons enfin une très intéressante distribution, au bon goût œcuménique, puisqu’elle réunit toutes les "familles" du cinéma francophone, de Vincent Macaigne à Kevin Azaïs, de Benjamin Lavernhe à Judith Chemla, d’Antoine Chappey à Suzanne Clément en passant par une kyrielle de nouveaux venus.


Téhéran Tabou de Ali Soozandeh

4 octobre

Un titre au singulier, pour un film qui ne l’est pas moins (il est tourné en rotoscopie, comme A scanner darkly) et qui recouvre ce pluriel d’interdits officiels pesant sur la société iranienne. Mais entre l’officiel et la sphère privée, il y a un monde que certains soi-disant gardiens de la morale franchissent avec une élasticité de conscience confondante (à moins qu’il ne s’agisse d’hypocrisie). Chronique de la vie de trois femmes et d’un musicien tentant d’échapper à un quotidien anxiogène, Téhéran Tabou est une photographie sur fond sombre émaillée, grâce la forme choisie, de quelques instants de grâce visuelle.


La Passion Van Gogh de Dorota Kobiela & Hugh Welchman

11 octobre

Espéré depuis des années, ce film d’animation hors norme a été peint à la main dans le style de Van Gogh – ce qui est assez logique puisqu’il est lié à l’histoire du malheureux artiste. Une manière audacieuse de revisiter l’œuvre tourmentée du peintre, qui a déjà conquis le public du dernier Festival international du film d'animation d'Annecy : il lui a remis son prix.


The Square de Ruben Östlund

18 octobre

Lauréat surprise du dernier Festival de Cannes, le réalisateur suédois s’était fait connaître en 2014 avec un Snow Therapy montrant la couardise et l’égoïsme d’un homme lors d’une avalanche, puis les conséquences sur sa famille. Voici qu’il s’attaque au monde de l’art contemporain, et en particulier aux contradictions intimes de ceux qui font profession de le transmettre au public. Ironie du sort, cette Palme d’Or sort pendant la Biennale d’art contemporain de nos voisins lyonnais...


Zombillénium d’Arthur de Pins

18 octobre

Le réalisateur du fameux court-métrage d'animation La Révolution des crabes passe enfin au long avec l’adaptation (réussie) de sa série BD la plus célèbre : l’histoire d’un parc d’attractions dirigé par des morts-vivants mais menacé de fermeture ou de reconversion sauvage à cause de la jalousie d’un vampire (et de la cupidité du diable, l’actionnaire majoritaire). Aussi original dans le ton que vif et fluide dans l’animation, rythmé par une bande originale de Mat Bastard, ce film distribué par Gebeka (comme Ma vie de Courgette l’an dernier) mérite d’être le succès monstre d’Halloween.


La Belle et la Meute de Kaouther Ben Hania

18 octobre

La cinéaste révélée par le documenteur incisif Le Challat de Tunis (2015) poursuit dans la même veine tranchante, dénonçant le sort réservé aux femmes en Tunisie. Racontant ici l’histoire d’une étudiante violée par des policiers, elle adopte une forme de narration aussi audacieuse qu’intelligente : de longs plans-séquences, chacun figurant les interminables étapes d’un calvaire intime aggravé par des mentalités étriquées et une barbarie administrative qui rappellent par instants l’excellent I am not Madame Bovary de Feng Xiaogang sorti cet été. Glaçant et maîtrisé.


Au revoir là-haut d’Albert Dupontel

25 octobre

On est prêts à miser gros sur le septième long-métrage de Dupontel-réalisateur – et sa première adaptation : il transpose l’extraordinaire roman homonyme de Pierre Lemaitre (Goncourt 2013) débutant dans l’enfer suffoquant des tranchées de 1918 et se poursuivant par une escroquerie aussi macabre que rocambolesque durant les Années folles, avec supplément de gueules cassées. Au générique, outre le cinéaste-interprète, sont notamment attendus Laurent Lafitte et Nahuel Perez Biscayart, dont c’est l’année puisqu’il est aussi, rappelons-le, la tête d’affiche de 120 battements par minute.


Coco de Lee Unkrich & Adrian Molina

29 novembre

Pari osé pour Pixar : un film d’animation à la tonalité burtonienne se déroulant au Pays des Morts – mais version musicale et mexicaine. On y suivra les aventures d’un jeune guitariste victime d’un sortilège, à la recherche d’une idole et d’un secret familial. À la réalisation, un vieux routier de la maison de Luxo Jr. (le premier court-métrage de Pixar, sorti en 1986) qui aligne déjà Monstres & Cie, Le Monde de Nemo mais aussi Toys Story 2 & 3 à son compteur. Pour faire oublier les dinosaures ?


Les Gardiennes de Xavier Beauvois

6 décembre

Les films en costumes ou avec Nathalie Baye portent chance à Xavier Beauvois (Des hommes et des dieux, Le Petit Lieutenant...). Il combine les deux en dirigeant à nouveau la comédienne, mais aussi sa fille Laura Smet, dans un drame paysan se déroulant sur fond de Grande Guerre.


Star Wars - Les Derniers Jedi de Rian Johnson

13 décembre

Bon, vous avez compris l’astuce ? Désormais, à chaque Noël, il faut compter sur un épisode de la franchise. Soit un spin-off comme l’an dernier (le très bon Rogue One, qui était en réalité l’épisode 3, 5) ou sa suite l’année prochaine ; soit un nouvel épisode dans la saga. Pour décembre, ce sera le numéro VIII, avec le retour Luke-in-ze-hood-Skywalker, la réponse à plein de questions en suspens, et de nouvelles interrogations pour les fans.


Le Crime de l’Orient-Express de Kenneth Branagh

13 décembre

Sydney Lumet avait placé la barre très haut avec sa prodigieuse adaptation du roman culte d’Agatha Christie (1974). L'acteur et réalisateur Kenneth Branagh s’y risque avec une distribution aussi riche en sommités shakespeariennes et stars hollywoodiennes (Johnny Depp, Penélope Cruz, Michelle Pfeiffer...) que son aîné. Mais la majeure différence réside dans le fait que le cinéaste campe lui-même Hercule Poirot. Pour se mettre en train en fin d’année.

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