"L'Assassin habite au 21" et "Le Corbeau" : deux Clouzot, sans autre forme de procès

Le Corbeau (1943)
De Henri-Georges Clouzot ( Pierre Fresnay Ginette Leclerc Pierre Larquey Micheline Francey...)

La récente réédition de l’intégrale de l’œuvre du réalisateur français Henri-Georges Clouzot (1907-1977) est l’occasion de sa ressortie, et donc de sa redécouverte sur grand écran. Autant faire les choses correctement, c’est-à-dire dans l’ordre chronologique en s’offrant les deux premières réalisations du Maître. Pour ce faire, rendez-vous au cinéma le Méliès.

Bien que tournés sous l’égide de la Continental (compagnie de capitaux allemands produisant sous l’Occupation des films français dûment "approuvés" par les autorités), L’Assassin habite au 21 (1942) et surtout Le Corbeau (1943) ne sont en rien des manifestes collaborationnistes. Ce dernier montre en effet les ravages de la délation sur une petite communauté jusqu’alors paisible, dont l’un (ou l’une) des représentant·e·s s’emploie à révéler les travers privés des uns et les petits secrets des autres à coups de missives anonymes – enfin, signées "le Corbeau".

L’enquête s’enlisant, chacun en vient à soupçonner ses voisin·e·s et l’on n’est pas loin de lyncher plusieurs victimes expiatoires. Le rigide Pierre Fresnay (alias le Dr Germain) est l’une des premières cibles du maudit volatile ; il parvient toutefois à lui faire face entouré d’une galerie des seconds rôles savoureux (Larquey, Roquevert, Blin, Sylvie, Ginette Leclerc…), signant là un authentique acte de… résistance.

L’autre opus, d’une année antérieure, montre le même Fresnay endosser une nouvelle fois avec le costume du commissaire Wens après Le Dernier des Six, scénarisé par Clouzot pour Lacombe. "Whodunit" à la franco-belge, cette énigme subtile brille autant par l’élégance précise de la réalisation, que par la justesse de l’interprétation. L’effrontée Suzy Delair et le titi parigot Raymond Bussières emportent le morceau. Sauf pour les gendarmes et la maréchaussée…

L’Assassin habite au 21 et Le Corbeau
Au Méliès jusqu’au lundi 20 novembre

à lire aussi

derniers articles publiés sur le Petit Bulletin dans la rubrique Cinéma...

Mercredi 6 septembre 2023 C’est littéralement un boulevard qui s’offre au cinéma hexagonal en cette rentrée. Stimulé par un été idyllique dans les salles, renforcé par les très bons débuts de la Palme d’Or "Anatomie d’une chute" et sans doute favorisé par la grève affectant...
Lundi 9 mai 2022 Trois ans après sa dernière “édition normale“, le Festival du cinéma italien de Voiron est enfin de retour au printemps en salle. Avec un programme dense, des invités et… sa désormais célèbre pizza géante. A tavola !
Vendredi 22 avril 2022 Orfèvre dans l’art de saisir des ambiances et des climats humains, Mikhaël Hers ("Ce sentiment de l’été", "Amanda"…) en restitue ici simultanément deux profondément singuliers : l’univers de la radio la nuit et l’air du temps des années 1980. Une...
Lundi 11 avril 2022 Alors que quelques-unes de ses œuvres de jeunesse bénéficient actuellement d’une ressortie dans des copies restaurées en 4K grâce au travail toujours (...)
Mardi 12 avril 2022 Un film de 8 heures qui raconte l'histoire d'activistes débutants, qui s'attaquent, à Grenoble, à des sites techno-industriels... C'est la projection que propose le 102, dimanche 17 avril.
Lundi 11 avril 2022 Piochés dans une carrière où l’éclectisme des genres le dispute à la maîtrise formelle et à l’élégance visuelle, les trois films de Mankiewicz proposés par le Ciné-club rappellent combien moderne (et essentiel) demeure son cinéma. On fonce !
Mardi 12 avril 2022 Né sous les auspices de la Cinéfondation cannoise, coproduit par Scorsese, primé à Avignon, "Murina" est reparti de la Croisette avec la Caméra d’Or. Une pêche pas si miraculeuse que cela pour ce premier long-métrage croate brûlé par le sel, le...
Mardi 29 mars 2022 Il s’agit désormais d’une tradition bien établie : chaque année, le festival Ojo Loco rend hommage au cinéma de genre le temps d’une nuit (agitée !) à (...)
Mardi 29 mars 2022 Aussi singulière soit l’histoire d’un voyage, il y a toujours un fond d’universel qui parle à chacun. Le festival isérois Les clefs de l’aventure n’existe (...)

restez informés !

entrez votre adresse mail pour vous abonner à la newsletter

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X