Jean Yanne, le subversif

Le Boucher
De Claude Chabrol (Fr, 1h34) avec Stéphane Audran, Jean Yanne...

En novembre, le Ciné-Club de Grenoble organise une mini-rétrospective des films de Jean Yanne. L'occasion de se frotter à trois longs-métrages abrasifs.

C’est peu dire que nous manque son regard d’épagneul breton authentique ; cet air d’éternel râleur abattu donnant plus de férocité encore à ses répliques pince-sans-rire et rendant sa gouaille parfois inquiétante. Jean Yanne (1933-2003) aura été à partir des années 1960 une sorte d’incarnation de l’esprit français – de son mauvais esprit plus souvent qu’à son tour. Son solide sens de la subversion allié à un goût pour le canular (reposant sur sa culture encyclopédique) fit le bonheur de la scène, de la radio et de la télévision (où il officia avec son alter ego Jacques Martin) avant de prendre toute sa mesure au cinéma.

Premier à avoir dézingué les médias à la dérive dans le savoureux Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil (1972) qu’il réalisa et interpréta à partir de souvenirs choisis, Jean Yanne fut aussi l’un des comédiens les plus utiles pour les rôles redoutables de l’époque pompidolienne : une sorte d’Erich von Stroheim qu’on adorait détester. Le Ciné-Club célèbre ce Yanne ambigu à travers trois films ; trois perles noires défiant le temps autant que la morale.

On commencera avec Le Boucher (1970, photo) de Chabrol, interrogation troublante et hitchcockienne sur la possibilité pour un serial killer d’avoir des sentiments. Suivra l’autobiographie à peine déguisée de Pialat, Nous ne vieillirons pas ensemble (1972), où Yanne campe un tyran (extra)conjugal, qui lui vaudra un Prix d’interprétation à Cannes – qu’il déclinera : les honneurs, hein… Enfin, le cycle s’achèvera avec un personnage parmi les plus ignobles, celui du meurtrier de Que la bête meure (1969), toujours signé Chabrol. En salaud intégral, il écrase de son arrogante monstruosité le pauvre Duchaussoy et croise (au générique) celui qui le fera tourner plus tard, Pialat. Trois films indispensables ; trois claques assurées.

Cycle Jean Yanne
Au cinéma Juliet-Berto mercredi 6, 13 et 20 novembre à 20h

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