Les films de la quinzaine : "My Son", "Albatros", "Aline", "Cry Macho"...

Théma / Être ici et ailleurs en même temps… À la fois dans une salle de cinéma et dans l’espace narratif du film. Un espace qui donne à voir du pays en ce début novembre des plus copieux…

Ça voyage ferme dès le 3 novembre avec Compartiment N°6 (3/11). Ce rail movie de Juho Kuosmanen (dans lequel une archéologue finlandaise rallie Moscou à Mourmansk en train et se lie d’amitié avec son compagnon de voyage aux abords rustauds, après avoir brisé la glace — ha ha), peut se voir comme un mode d’emploi pour apprivoiser l’âme russe rugueuse mais chaleureuse, cordiale mais volage. La faute sans doute à l’antigel englouti par litres à l’écran…

Plus proche de nous, My Son (3/11) se déroule dans les froides landes d’Écosse où Christian Carion transpose le dispositif de son thriller Mon garçon : ici, c’est James McAvoy qui, sans connaître l’intrigue, lance son personnage à la poursuite des ravisseurs de son fils. Carion évite la redite inhérente à l’auto-remake grâce à un dénouement plus musclé et une micro variation finale qui ajoute en tension.

Rayon policier toujours mais au pied des falaises normandes, Albatros (3/11) de Xavier Beauvois décrit le drame d’un gendarme qui, cherchant à désarmer un paysan sur le point de se suicider, l’abat. S’attachant dans une première partie à détailler l’importance du militaire en zone rurale et le maintien des liens sociaux (au-delà de la police de proximité), le film — transcendé par un Jérémie Renier habité — bascule dans sa sidération et son introspection muettes avant d’atteindre son climax : une épiphanie libératoire dans un voyage maritime semi-fantastique. On a rarement aussi bien filmé solitude, dépression et résilience.

Et les Amériques ?

Au 10 novembre sort enfin Aline. Espéré depuis 18 mois et inspiré par la vraie vie de Céline Dion, c’est l’un des plus inventifs vrais-faux biopics de tous les temps : retraçant la vie de l’artiste québécoise — sous le nom ici d’Aline Dieu — sur un mode “mélancomique” et sérieux, ce film jamais complaisant ni dérisoire est autant un hommage à l’artiste qu’une création originale de Valérie Lemercier, réalisatrice et interprète de la chanteuse de l’âge de 7 à 5x ans. Un tour de force d’écriture et de réalisation ne nécessitant pas d’idolâtrer Céline Dion.

Au Québec toujours, La Déesse des mouche à feu (10/11) de Anaïs Barbeau-Lavalette suit durant les années grunge la plongée dans le vortex des addictions de Catherine, une ado dont les parents se séparent en se rejetant les culpabilités. Assez classique au départ, le film gagne en intensité sur la fin, l’image se psychotropant au fil de sa dégringolade. Face à elle, Cry Macho (10/11) promène au sud de la frontière mexicaine le nonagénaire réalisateur-interprète Clint Eastwood en cow-boy chargé d’apprivoiser un gamin et de le ramener à son père, malgré des mafieux aux trousses. Même si l’ado joue mal, ce buddy movie alliant tendresse et action (si si) évoquant par instants Sur la route de Madison sans élucider cet éternel paradoxe : comment ce franc réac parvient-il à faire des films aussi pétris d’humanisme ? Ah… On ne parle pas ici des Éternels de Chloé Zhao : il vous faudra souquer ferme sur www.petit-bulletin.fr pour en savoir davantage…

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