Passions privées

De leur temps (2) regroupe des œuvres achetées durant les trois dernières années par des collectionneurs privés français. Bilan: la peinture se porte bien, et une forte rpésence d’artistes français est à noter. Lors du discours introductif À la visite de presse, Guy Tosatto apporte quelques éclairages importants sur cette exposition visible tout l’été. Propos recueillis par Séverine Delrieu

Genèse de l’exposition De leur temps (2)
Guy Tosatto : Cette exposition qui se tient au Musée de Grenoble est en fait une deuxième édition, d’où son titre De leur temps (2). Une première édition s’est tenue il y a maintenant trois ans au Musée de Tourcoing. Comme la première, celle-ci est constituée d’œuvres de collectionneurs privés. Les pièces ont été sélectionnées par un comité composé à la fois de trois membres de l’ADIAF (Association pour la Diffusion Internationale de l’Art français), et de deux membres du Musée. Nous nous sommes réunis pendant près de deux ans, assez régulièrement pour sélectionner les œuvres.

Le principe
C’est assez simple : il est de montrer une sélection d’œuvres acquises par des collectionneurs privés - en l’espèce des membres de l’ADIAF -, achetées lors des trois années précédentes. En examinant les différents achats, on a constitué une photographie, une ouverture sur les achats privés. Sur les 200 membres questionnés de l’ADIAF, 67 nous ont répondu. On a examiné, compilé l’ensemble des propositions et fait un choix qui se veut être le plus représentatif du goût, de l’humeur des collectionneurs au cours de cette période. Donc, au final, on peut voir 160 œuvres de 94 artistes. Si l’on compare avec ce qui avait été montré en 2004 à Tourcoing, on notera des variations : ici on voit beaucoup de peintures et de dessins. Dans trois ans, lors de la troisième édition, on verra certainement autre chose.

Collectionneurs privés et institutions
Cette aventure nous intéressait beaucoup parce qu’elle permettait à une institution de s’ouvrir sur le monde des collections privées – monde à la fois extrêmement présent dans l’univers de l’art et en même temps discret, secret. Aller à la rencontre de tous ces collectionneurs, nous a permis d’offrir un instantané de ce qui s’achète dans les collections privées, ce qui n’est pas forcément ce qui s’achète dans les institutions publiques ; et donc d’avoir tout à coup cette possibilité d’autres sensibilités, d’autres choix et de voir une sorte de panorama de l’air du temps. On le voit au fil de la sélection, on a beaucoup de jeunes artistes qui font l’actualité. Mais, on a aussi voulu montrer ce qui pouvait s’acheter avec une projection beaucoup plus historique. D’où la présence dans l’entrée d’une vitrine de Christian Boltanski qui date du début des années 70, ou même une pièce de Sophie Calle qui est déjà une œuvre historique puisqu’elle date des années 80. Ou encore des œuvres des années 70 mais qui ont été achetées ces trois dernières années. Ce qui montre que ces collectionneurs qui achètent l’actualité, achètent aussi des œuvres qui viennent compléter leurs collections, œuvres plus historiques.

Le type d’accrochage choisi pour le parcours
Il y avait plusieurs choix possibles : soit de faire une sorte d’index, un abcédaire par artistes - commencer par A, et terminer à Z, on n’avait pas de Z, mais on aurait pu finir par W -. Mais cela ne nous semblait pas la meilleure chose. Cela dit, on l’a fait pour le catalogue. La deuxième possibilité aurait été de rassembler par collectionneurs. Mais du coup, ce qui à mes yeux est un des intérêts de l’ADIAF - à savoir que l’association réunit des collectionneurs de natures différentes, certains ont beaucoup de moyens et achètent des œuvres muséales, d’autres qui ont des revenus modestes mais dont c’est la passion – (ce qui est d’ailleurs le trait commun à tous les membres de l’ADIAF) – n’achètent qu’une œuvre par an -, aurait été dénaturé. Alors, on a plutôt choisi de faire resonner par thèmes ou par associations très libres, un peu comme un collectionneur peut le faire chez lui. Lorsqu’on va chez les collectionneurs privés, on est frappé par cette liberté qu’ils ont de faire co-exister des artistes d’horizons, de générations complètement différents. Et c’est ce que l’on a voulu. Par exemple la première salle donne le ton : avec deux artistes géographiquement et historiquement assez proches, Boltanski et Calle, on a ajouté une jeune artiste Jeanne Susplugas, qui rentrait dans ce jeu de mythologie personnelle et de jeu avec le langage. L’œuvre s’intitule Eve et Eve évidemment, c’est le péché originel, celui qu’on confesse dans le confessionnal – d’où la pièce de Sophie Calle qui est placée dans la même salle -. Il y a là tout un jeu. On a essayé de l’établir dans toutes les salles, et cela fonctionne plus ou moins. Mais je crois que c’est l’affirmation de cette liberté de ton, propre aux collectionneurs, que l’on a voulu conservé dans cette exposition. Elle n’est pas trop “muséifiante“, si je peux employer ce terme-là, mais elle laisse ressortir la spontanéité, les coups de cœur.

De Leur temps (2), jusqu’au 16 septembre, au Musée de Grenoble

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