Portrait / Homme-artiste au mille talents et facettes, acteur, musicien, plasticien, Jonathan Meese aborde le monde avec l'appétit d'un ogre et le restitue dans une œuvre dantesque, trash et vraiment burlesque.
Séverine Delrieu
Il est "l'artiste démiurge” selon Yves Aupetitalot, le Directeur du Cnac. Et effectivement, au vue de son travail colossal, l'on peut affirmer que Jonathan Messe s'impose comme le Créateur ou recréateur d'un monde chaotique. Dans celui-ci, Meese fait figure de Dieu capable de tout, notamment d'exécuter chaque tâche avec une puissance surhumaine. Acteur emblématique - on se souvient de sa performance pour la réouverture du Magasin ou de Parsifal Performance à l'Opéra de Berlin- "l'enfant terrible de la peinture allemande" est également très présent sur la scène musicale. Sans compter qu'il produit une œuvre picturale et sculpturale démesurée. Depuis 2004, il réalise également pour Frank Castorf, metteur en scène berlinois génial et radical, les scénographies de ses spectacles, dont Kokain qui fit grand bruit à Berlin et en Avignon. Leur collaboration a perduré, puisque Meese réalisa les costumes et décors d'un autre spectacle de Castorf, Les Maîtres Chanteurs, repris prochainement à Chaillot.Brigitte et moiAu Magasin, quelques 150 œuvres de cet artiste prolifique de 36 ans et héritier de l'expressionnisme allemand dans toute sa splendeur et sa couleur, seront exposées. Dans l'entrée du Magasin en guise d'accueil, un visage burlesque et énorme à deux faces devrait trôner et ouvrir le bal. Dans les salles se succèdent photomontages où la tête de Meese, tantôt démoniaque tantôt christique, apparaît comme par magie : il s'amuse et recrée son monde selon ses désirs. Bon nombre de ses peintures exploseront les cimaises des galeries : les séries de portraits de ses "héros" éblouissent de couleurs criardes. C'est alors une valse de personnalités du monde des arts, figures de l'Histoire, intellectuels, personnages de films qui s'enclenche, où Alex d'Orange Mécanique n'est qu'à quelques mètres de Néron, de Napoléon ou encore de Scarlett Johanson. Une forêt de statues hybrides posées sur socles formera un dédale pour se perdre un peu plus dans son univers. Il effectuera aussi un wall-painting in situ. Enfin, la plate-forme de Kokain installée à l'Auditorium, deviendra l'espace d'une déambulation trash et rock'n roll. Comme tout bon enfant qui se respecte- fut-il terrible - la maman de ce bambin incontrôlable, n'est pas loin. Brigitte, celle de Meese, qui l'accompagne habituellement à tous ses vernissages et accrochages (oui c'est vrai), ne sera pas là. Reste que sa présence s'infiltre partout à travers les folies et démesures jouissives de son fils.Mama Johnny du 22 octobre au 7 janvier, au CNAC
