«Une forme de transmission culturelle»

D’une puissance visuelle incroyable, l’exposition La vie après la mort, de Nicolas Malinowsky (membre du collectif Ill Studio) nous a tout simplement bluffés. Il nous en dévoile les arcanes ci-dessous. Propos recueillis par Damien Grimbert

Petit Bulletin : Les illustrations et visuels qui ont servi de base à ton travail sont toutes issues d'une collection de livres appartenant à la même personne. Qu'est ce qui t'as touché dans cette collection ?
Nicolas Malinowsky : J’ai d’abord été touché par la coïncidence – ou la non coïncidence – qui a fait que j’ai été attiré spécifiquement par les objets d’un même lot alors que ces objets n’étaient pas du tout présentés ensemble. Au contraire, ils étaient éparpillés au milieu du bric-à-brac de la salle des ventes d’un brocanteur de quartier. Lorsque j’ai compris que j’achetais sans le savoir, un par un, les objets de ce même lot, et donc de cette même personne, j’ai ressenti comme une affinité posthume avec cette personne. C’est une rencontre vraiment particulière et c’est ça qui m’a intéressé en priorité. L’ancien propriétaire de ces objets reste un homme mystérieux dont je ne connais ni l’identité ni l’histoire. Mais on peut à la fois considérer que je ne sais rien de lui et à la fois que je le connais un peu – à travers la découverte de son univers, de ses choix en livres, en musique, en objets, sans compter ses annotations en marge des bouquins ou dans les pochettes de disques. C’est là qu’on se trouve face à une forme de transmission culturelle qui me paraît assez liée à notre époque et à notre mode de vie moderne. Je constate qu’il existe un engouement, auquel je participe, pour les objets du passé (phénomènes des vides greniers et des sites de vente comme Ebay, et passion pour le rétro, ou vintage, dans la typographie, la mode, le design et même la musique) mais je sais aussi qu’on en fait forcément une lecture et un usage qui est propre à notre époque. D’autre part, la question de la transmission se pose beaucoup dans notre société et c’est une question qui m’intéresse. Pour ce qui est des étapes de mon travail, j’ai procédé de la même manière que lorsque je fais de la musique, c’est-à-dire j’ai d’abord passé vachement de temps à feuilleter les bouquins, à sélectionner les images qui me touchaient le plus, puis j’ai passé un certain temps à les scanner une par une – c’est tout à fait la méthode du sampling. Quand j’ai eu une bonne quantité d’images en stock, je me suis mis à composer, à mixer, avec. La dimension mystique / ésotérique est très présente dans cette expo. Est-ce directement lié à son thème, où est-ce plutôt une dimension récurrente à l'ensemble de tes travaux ? Plus globalement, tu pourrais me donner quelques exemples de tes références visuelles ?
C’est un thème particulièrement poussé dans cette exposition, jusque dans le titre « La vie après la mort ». Pour ce qui est des influences, j’aurai du mal à citer des références en particulier parce que je me suis basé sur la matière première, c’est-à-dire les images. En fait, je suis plus généralement influencé par l’imagerie associée aux musiques psychédélique et spatiale des années 1970, comme le Krautrock et l’Italo Disco, et pour cette exposition je me suis amusé à créer des images dans cet esprit-là, mais en utilisant des images qui dataient aussi des années 1920 à 1940. Disons que c’est une influence sur la forme mais que pour le reste ce sont vraiment les images elles-mêmes qui étaient l’inspiration. J’ai cherché à faire des collages asses simples parce que les images étaient très fortes et que je ne voulais pas trop en rajouter. Par ailleurs, je voulais obtenir un truc assez brut, et surtout pas rajouter des couches et des couches de trucs inutiles pour faire de la décoration graphique vide de sens…Tu pourrais me donner un aperçu de ton parcours antérieur à cette exposition ?
J’ai une formation de designer industriel et je travaille en tant que directeur artistique et graphiste. Je suis aussi DJ et musicien de longue date. Pour ce qui est de mon parcours, après avoir été un skateboarder passionné tout au long des années 1990, j’ai eu l’opportunité de participer à la création de Chill Magazine avec une petite équipe d’amis en 2004. L’aventure de Chill a duré deux années, au cours desquelles j’ai vraiment développé ma passion pour la typographie, l’illustration et la mise en page. Depuis, je travaille en indépendant, à la fois en solo et au sein de Ill Studio, qui regroupe la plupart des anciens de Chill. Tu peux me présenter rapidement le collectif ? Quel rôle spécifique y tiens-tu ?
Ill Studio est un studio de création multi talents qui rassemble aussi bien des photographes, des graphistes ou des spécialistes de l’animation. Comme je suis très polyvalent, mon rôle évolue selon les projets – de la direction artistique à l’illustration, en passant par la mise en page, la création de typographie, ou encore la musique. À un niveau plus conceptuel, on peut dire que je suis souvent dans le rôle du créatif qui apporte les idées pour les projets. Quels sont tes futurs projets ?
Pour ce qui est de l’expo, j’aimerais vraiment la faire tourner dans une autre ville, voire à l’étranger. Ce serait l’occasion de finaliser la mixtape de musique qui devait l’accompagner ! Pour ce qui est du boulot, on peut dire que je recherche toujours un équilibre entre gros projets et projets perso. Je travaille en ce moment, avec Ill Studio, sur des contrats d’agence d’envergure. À côté de ça, les projets personnels dénués de contraintes artistiques sont très importants pour mon équilibre.La vie après la mort, de Nicolas Malinowsky,
jusqu’au samedi 14 mars à A Part

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